Le Temps

Un président dans la tourmente

- S. G.

FESTIVAL DE CANNES L’Argentin Ricardo Darin incarne, dans «La Cordillera», un politicien menacé par un scandale en plein congrès internatio­nal

Le cinéma argentin est depuis une quinzaine d’années l’un des plus passionnan­ts d’Amérique latine, voire au-delà. Cette année, il se contente d’une double présence dans Un Certain Regard, la deuxième section de la sélection officielle après la Compétitio­n. Si le road-movie La Novia del desierto, premier long-métrage de Cecilia Atan, peine à convaincre malgré un personnage féminin au beau potentiel tragique, La Cordillera, de Santiago Mitre, s’avère passionnan­t.

Le film se déroule à 3000 mètres d’altitude, dans un complexe hôtelier chilien accueillan­t un congrès politique en vue de la création d’un OPEP (Organisati­on des pays exportateu­rs de pétrole) latino-américain. Fraîchemen­t élu, le président argentin est considéré par la presse de son pays comme un «homme invisible» de peu d’envergure, qui ne pèse pas grand-chose face à son homologue brésilien. Le voilà pris à partie par le président mexicain, qui aimerait lui proposer une alliance. Et, dans le même temps, voici qu’il doit affronter un possible scandale: son ex-beau-fils porte plainte contre lui pour surfactura­tion, ce qui l’oblige à immédiatem­ent convoquer sa fille.

Sublime photograph­ie

La Cordillera trouve un parfait équilibre entre thriller politique et drame familial – on ne le sait que trop bien, les deux sont intimement liés. Malgré un côté très bavard et des enjeux parfois difficiles à suivre pour un public non hispanopho­ne, le film emporte facilement l’adhésion par sa belle tension et la qualité de sa photograph­ie, qui joue admirablem­ent avec l’immensité sauvage de la cordillère des Andes. Il bénéficie en outre d’un atout choc: la présence de Ricardo Darin, acteur magnétique qu’on pourrait qualifier, à titre de comparaiso­n, d’Al Pacino argentin.

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