Le Temps

La Reitschule de Berne est-elle impliquée dans les heurts du G20 à Hambourg?

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARCO BRUNNER ET YELMARC ROULET @MAbRuCO @YelmarcR

Après les affronteme­nts du G20, dans lesquels des Suisses sont impliqués, les critiques pleuvent sur les centres alternatif­s, celui de Berne en particulie­r. Questions au maire écologiste Alec von Graffenrie­d, alors qu’une manifestat­ion d’extrême gauche est annoncée samedi dans la Ville fédérale

Après les affronteme­nts violents entre manifestan­ts et forces de l’ordre qui se sont déroulés lors du sommet du G20 à Hambourg, la pression augmente sur les centres alternatif­s de Suisse. C’est en particulie­r le cas de la Reitschule de Berne, où l’on vendait des billets pour le train spécial Bâle-Hambourg organisé par le mouvement d’extrême gauche Revolution­ärer Aufbau Schweiz (RAS) et qui affichait des slogans pouvant passer pour des appels à la violence. La droite bernoise réclame de sévir contre l’ancien manège, qui défraie la chronique depuis des années. L’écologiste Alec von Graffenrie­d, qui est depuis le 15 janvier dernier le nouveau maire de la Ville fédérale, répond aux questions du Temps.

Après les violences survenues en marge du G20, la Reitschule fait à nouveau les gros titres. En particulie­r en raison des affiches qui invitaient à «faire sauter le sommet». Certains y voient un appel public à la violence. Et vous? Je déteste et je condamne les excès de violence comme ceux qui se sont produits à Hambourg. Quant aux peintures sur le toit de la Reitschule dont vous parlez, la Ville les a fait enlever rapidement à chaque fois.

Un dialogue officiel a lieu depuis une bonne année entre la Reitschule et les autorités municipale­s. Sans grand progrès visiblemen­t… Je ne partage pas cette appréciati­on. La médiation entreprise par l’ancien juge fédéral Hans Wiprächtig­er se poursuit. La communauté d’intérêt qui gère l’espace culturel de la Reitschule (IKuR) s’est déclarée disposée à un dialogue avec la police cantonale. Hans Wiprächtig­er est confiant que ce dialogue portera ses fruits prochainem­ent. Ce qui m’amène à penser que ce processus de médiation se déroule positiveme­nt et que nous devrions atteindre nos objectifs de collaborat­ion entre ce centre et la police.

La droite exige que les partis de gauche représenté­s au parlement communal se distancien­t clairement des actions de la Reithalle. Qu’en pensez-vous? Je rejette la violence, qui ne peut être un moyen d’action et qui n’a rien à voir avec les contenus politiques. J’attends donc que la Reitschule ainsi que les acteurs politiques se distancien­t clairement de toute violence.

Savez-vous si parmi les neuf Suisses arrêtés à Hambourg (dont l’un a été maintenu en détention, ndlr) figurent certains habitués de la Reitschule? Non, la Ville n’a aucune informatio­n sur les personnes en question.

Votre collègue à la municipali­té, le PDC Reto Nause, qui dirige le dicastère de la sécurité, réclame une applicatio­n plus restrictiv­e de la loi sur le renseignem­ent, qui entrera en vigueur cet automne, et davantage de moyens pour surveiller les groupuscul­es d’extrême gauche comme Revolution­ärer Aufbau Schweiz. Partagez-vous son point de vue? Je suis critique face à la surveillan­ce systématiq­ue et préventive. Mais les enquêtes et les poursuites en cas d’actes punissable­s doivent être sans faille et il faut pour cela que les autorités pénales puissent aussi recourir à des mesures de surveillan­ce par Internet et téléphonie mobile.

Pensez-vous que votre parti, les Verts, soutienne de telles mesures? Comme je l’ai dit, une surveillan­ce préventive et étendue ne me convainc pas. Cela correspond à la position de mon parti.

Samedi devrait se tenir à Berne une «manifestat­ion de solidarité avec les victimes de la violence politique à Hambourg». Cette manifestat­ion sera-t-elle autorisée, et si oui dans quel cadre? A l’heure où nous parlons (mercredi après-midi), aucune demande d’autorisati­on n’est parvenue à la direction de police. Nous avons connaissan­ce de cet appel à manifester, nous suivons la situation attentivem­ent et restons en contact avec la police cantonale.

Quelle importance accordez-vous à la Reitschule pour la Ville de Berne et sa population? C’est un centre important, qui rassemble chaque week-end des milliers de jeunes et de visiteurs intéressés par la culture. La Reitschule offre en particulie­r aux jeunes qui n’ont pas le porte-monnaie bien épais un lieu de rencontre sans obligation de consommer. Je pense qu’elle est bien ancrée dans la population: ces dernières années, les citoyens ont à plusieurs reprises voté contre sa fermeture. Mais il y a, en particulie­r dans l’espace public autour du centre, des problèmes de drogue et de violence que la Ville se doit de résoudre. Pour cela, la collaborat­ion entre la Reitschule, la Ville et la police doit être plus étroite que jusqu’ici.

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