Le Temps

Argent de poche: les enfants alémanique­s plus nantis

- JULIE EIGENMANN @JulieEigen­mann

Credit Suisse a publié mercredi une étude sur l’éducation financière et l’argent de poche en Suisse. Les résultats montrent notamment une disparité entre les régions linguistiq­ues

Les enfants suisses allemands sont mieux lotis que les Romands en termes d'argent de poche. C'est ce que révèle une étude sur l'argent de poche publiée mercredi, mandatée par Credit Suisse et soutenue par Pro Juventute.

Sur 14 000 personnes interrogée­s via une enquête en ligne, 7200 parents. L'argent de poche qu'ils donnent varie beaucoup selon l'âge des enfants, mais il existe des différence­s frappantes entre les régions linguistiq­ues.

En Suisse alémanique, les parents donnent de l'argent plus tôt: 41% des parents donnent aux cinq-sept ans en Suisse allemande contre 11% en Suisse romande. L'écart se creuse encore pour les 8-11 ans, avec respective­ment 86% contre 43% seulement.

Plus frappant encore: si les sommes données sont presque identiques pour les jeunes enfants, dés 11 ans, les montants n'augmentent pas de la même manière. Un adolescent alémanique de 14 ans reçoit presque 50 francs par mois, un Romand, pas tout à fait 30 francs. Quant au Tessin, les montants ont tendance à être plus élevés qu'en Suisse alémanique.

«L’argent ne tombe pas du ciel»

«L'argent ne tombe pas du ciel, il faut travailler pour le gagner.» L'étude révèle aussi que cette maxime a été privilégié­e par 77% des Suisses interrogés. Ils devaient choisir parmi neuf principes qui pouvaient convenir à leur éducation financière.

Pourtant, l'argent de poche tombe bel et bien du ciel pour la plupart des enfants: 63% des parents jugent exclu que l'argent de poche ne s'obtienne qu'en échange de petits services.

Pourquoi donner de l'argent de poche, alors? Pour s'entraîner à la gestion. L'enquête montre que pour une majorité de parents interrogés à travers toute la Suisse, apprendre à ses enfants à gérer leur argent prime dans leur éducation sur la promotion de la réussite, de l'humilité ou de la créativité. Elle souligne aussi que les montants donnés, relativeme­nt faibles, sont un plus et non une aide financière substantie­lle.

Futurs clients

Car les sommes ne sont pas grandes. Six francs par mois, c'est par exemple ce que reçoit en moyenne un Suisse de sept ans, un âge auquel plus de la moitié des enfants reçoivent de l'argent de poche. «Ce n'est pas beaucoup», commente Michael Hermann, directeur de l'institut de recherche sotomo, qui a réalisé l'étude mandatée par Credit Suisse. «L'argent de poche n'a presque pas augmenté en quinze ans, alors que les enfants reçoivent de plus en plus de biens matériels». Le concept de l'argent de poche en Suisse ne va pas dans une logique de consommati­on mais bien d'éducation, comme le souligne Michael Hermann.

Pour Credit Suisse, cette étude est importante. La banque veut ainsi «sensibilis­er le public à la question de l'éducation financière et stimuler le débat», explique Florence Schnydrig Moser, membre du directoire de Credit Suisse. «Les résultats de l'étude nous aident aussi à comprendre les besoins des jeunes clients.» La banque réfléchit à la façon de tenir compte des résultats dans la conception des futurs produits.

Pro Juventute, qui a soutenu l'enquête avec ses compétence­s dans l'éducation financière, va aussi de son côté analyser les résultats. Le but? Pour la directrice de la fondation Katja Wiesendang­er, «cette étude est un moyen de s'assurer que nous proposons des programmes actuels, et d'intégrer d'éventuels changement­s».

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