Konbini débarque sur le marché numérique romand
Inauguré il y a une semaine au Montreux Jazz Festival, le média français est aussi présent au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, au Mexique et au Nigeria. Il se lance en Suisse romande, un marché «où il y a une place à prendre»
Nouvelle venue sur la scène médiatique romande. La plateforme numérique Konbini se lance en Suisse romande. Mardi dernier, le média – fondé en France il y a huit ans – se présentait au public romand lors du Montreux Jazz Festival. Diffusé sur les réseaux sociaux (Snapchat, Facebook, Instagram et Twitter), Konbini cible les millennials (1530 ans). Il fait partie aujourd’hui des dix médias numériques les plus suivis du monde avec, selon lui, 150 millions de visiteurs uniques par an, dans plus de 60 pays.
Son marché cible en Suisse romande? Les jeunes talentueux, selon les mots de son responsable marketing, Michael Chrisment. «Nous voulons célébrer l’énergie créative, entrepreneuse et culturelle en Suisse. En d’autres termes, évoquer de bons sujets, et faire l’actualité sur des personnalités ou des personnes engagées», explique-t-il au Temps. Le trafic de Konbini provient à 90% des smartphones.
En recherche de pigistes suisses
La plateforme est actuellement à la recherche de pigistes suisses ou basés dans le pays pour couvrir l’actualité. Tous les journalistes sont rémunérés, souligne Michael Chrisment, qui revendique
déjà «500 000 lecteurs uniques en Suisse». A court terme, Konbini Suisse devrait aussi produire du contenu en allemand et en italien pour la Suisse, avant de s’étendre en Allemagne, au Maghreb et dans des régions francophones d’Afrique.
Apparu en 2009 en France – avant même l’arrivée du Huffington Post –, Konbini traite de nouvelles tendances culturelles, lifestyle, mode mais aussi de sujets sociopolitiques. Le plus souvent avec un ton humoristique. Un tiers du contenu est lié à l’actualité internationale. La plateforme est connue notamment pour ses différentes chaînes, ses interviews de célébrités mais aussi pour avoir accueilli le président François Hollande et décroché une «interview hashtag» d’Emmanuel Macron alors en pleine campagne.
Elargir le marché
Le marché compte déjà plusieurs pure players (média diffusant uniquement sur le Net) comme BuzzFeed, Vice, AJ+ ou, plus localement, Kapaw, Bon pour la tête ou Nouvo (relié à la RTS et comptant aussi une émission TV). Pour Michael Chrisment, l’approche éditoriale «pop culture» de Konbini et ciblée sur des thématiques positives et jeunes suffit à distinguer sa plateforme: «Nous ne nous comparons pas aux autres médias. Mais je suis ravi qu’il y ait de la concurrence car notre but est d’élargir le marché.»
Un avis partagé par le directeur de la rédaction du Huffington Post en France, Paul Ackermann: «Les médias numériques sont très sobres et pas assez répandus en Suisse. Ce qui laisse entendre qu’il y a une place à prendre. Konbini, c’est du divertissement branché, très réseaux sociaux.» Pour cet ancien journaliste de L’Hebdo, les pure players sont plus souples pour développer de nouveaux modes de financement.
Articles sponsorisés
Le producteur de séries Netflix sponsorise par exemple la chaîne de Konbini Biiinge consacrée aux séries télévisées. Cela n’empêche pas les rédacteurs de la plateforme de relater les derniers épisodes de la série House of Cards ou Orange is the New Black, produite par le groupe américain. La plateforme donne par ailleurs de la visibilité à des marques comme Coca-Cola, Orange et Heineken à travers des articles sponsorisés.
Paul Ackermann, du Huffington Post, remarque toutefois que Konbini, «ce n’est pas forcément toujours du contenu journalistique, mais parfois focalisé sur du publireportage. Les pure players doivent mieux séparer le côté commercial et le journalistique.»
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