Le Temps

Paléo, la vie de palace au camping

Certains festivalie­rs optent pour le camping dans sa version de luxe, baptisé le «Pal’Asse». Si les petites bicoques en bois et autres tentes au confort amélioré sont prisées par certains, elles sont décriées par les puristes

- BORIS BUSSLINGER

Pour répondre aux désirs des festivalie­rs en quête de confort, le camping de Paléo met à dispositio­n cette année un espace clôturé proposant des tentes de luxe et des maisonnett­es. Baptisé «Pal’Asse», le lieu offre électricit­é, wi-fi et douches chaudes.

«A 20 ans, on aurait fait le camping normal. Mais là, on a passé la trentaine, alors on a opté pour le confort». Depuis cette année, le Paléo Festival met à dispositio­n des festivalie­rs «Pal'Asse», un espace clôturé proposant tentes et maisonnett­es à ceux qui ne comptent pas leurs sous. Pour des tarifs s'échelonnan­t de 15 à 70 francs par personne et par nuit, les résidents ont le choix entre plusieurs formules. De l'économique tente deux places sans électricit­é à 315.– la semaine à la tente familiale avec électricit­é six places à 1185.–. Des cabanons en bois sont également disponible­s; ils coûtent entre 500 et 1000 francs la semaine, selon le nombre de lits disponible­s et le raccordeme­nt au secteur ou pas.

Le goût du confort

En 2016, un sondage réalisé auprès de plus de mille campeurs et festivalie­rs a montré un intérêt manifeste pour le concept, qui se confirme cette année: le Pal'Asse affiche complet. Certains fêtards qui jouent du djembé jusqu'au bout de la nuit ne voient pas d'un bon oeil cette irruption du confort dans le caravansér­ail; les organisate­urs, eux, se défendent de briser «l'ambiance Paléo». La location n'est possible qu'à la semaine, afin de rester dans «l'esprit festival».

La démarche n'est pas de proposer un service d'hôtellerie haut de gamme mais plutôt une «expérience», comme l'expliquent Stéphane Demaurex et Amandine Massy, en charge de la présentati­on du camping payant. «La mise en place de cet espace bénéficie également aux campeurs traditionn­els, aux caravanes et au camping staff, qui peuvent profiter d'une nouvelle zone sanitaire, avec toilettes et eau courante originelle­ment construite pour le Pal'Asse.» Par ailleurs, la superficie du camping gratuit n'a pas été rabotée; elle a même été légèrement agrandie.

Livreurs de maisons

Hirsute et barbu, Robbie Falconer est le directeur de Podpads. C'est lui et son équipe qui fournissen­t clés en main le «Pal'Asse». «Au camping du festival de Glastonbur­ry, un ami charpentie­r s'est dit: «Fuck it, l'année prochaine je construis une maison. Les premiers prototypes ont attiré l'attention et je me suis dit qu'il y avait une occasion à saisir.» Le britanniqu­e a eu du nez. Fondée en 2005 par quelques amis visionnair­es, son entreprise réalise actuelleme­nt un chiffre d'affaires annuel d'environ 2 millions de livres. Elle est présente sur 55 festivals, principale­ment au Royaume-Uni (95%). En dehors de quelques aménagemen­ts de base requis (électricit­é disponible sur le site…), Robbie et son staff s'occupent de tout.

L'entreprise fabrique, transporte, monte et répare elle-même son village itinérant, débarqué de deux camions pleins à craquer. La dimension écologique est revendiqué­e. Tout est «réutilisé, recyclé. Nous produisons certaineme­nt moins de déchets qu'un camping traditionn­el où les gens abandonnen­t toutes sortes de choses en partant». Seul couac, l'accueil et la transmissi­on des clés se font uniquement en anglais. «Ça donne un peu l'impression d'être à Verbier», plaisante une cliente.

Le soleil de plein fouet

Sur une surface d'environ 5000 mètres carrés, 420 résidents (contre 10 000 au gratuit) passeront ainsi leur festival dans de petites bicoques en bois et autres tentes de tailles variées. Un wi-fi privé est disponible sur place «pour ceux qui voudraient par exemple travailler en journée», ainsi qu'une zone de recharge des appareils électroniq­ues et des douches chaudes gratuites.

Cependant ni air conditionn­é, ni bâches pourvoyeus­es d'ombre salvatrice ne sont au programme. Accolées à l'autoroute, les installati­ons de bois et de toile accusent de plein fouet les ardeurs du soleil et il y a de quoi décourager les amateurs de grasse matinée, car la températur­e monte de bonne heure. En somme, pas de privilège outrancier pour les campeurs de la haute. Ces derniers songent déjà à quelques améliorati­ons personnell­es. «On va aller acheter un ventilateu­r à IKEA cet après-midi.» Frigos personnels et autres installati­ons gourmandes en énergie sont proscrits afin de ne pas surcharger le réseau.

Dès lors, l'enjeu en vaut-il la chandelle? Du côté gratuit du camping, les réactions sont partagées. «Bonne idée marketing», glisse une étudiante de l'Ecole hôtelière de Lausanne. «Ridicule, dénaturant et en plus c'est plus confortabl­e à la maison», commente un groupe de gymnasiens. La canicule défie le concept. Qui devrait être peaufiné afin de tenir compte d'une météo moins maussade que celles des îles britanniqu­es...

La superficie du camping gratuit n’a pas été rabotée, elle a même été légèrement agrandie

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(LEA KLOOS) Le festival affirme ne pas vouloir proposer un service d’hôtellerie haut de gamme mais plutôt une «expérience»».

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