Le Temps

Les heurts se multiplien­t à Jérusalem

- SERGE DUMONT, JÉRUSALEM @SergeDumon­t

A la suite de l’attentat de la semaine dernière, Israël a renforcé la sécurité autour de l’Esplanade des mosquées, provoquant la colère de la rue palestinie­nne

La tension est toujours aussi vive à Jérusalem-Est, la partie arabe de la ville, près d’une semaine après l’attentat perpétré par trois Arabes israéliens. Deux policiers de l’Etat hébreu avaient été tués. Pour réussir leur opération, les trois assaillant­s s’étaient d’abord rencontrés sur le Haram al-Sharif, l’Esplanade des mosquées, et y étaient revenus après une fusillade avec des policiers dans les ruelles de la vieille ville. C’est d’ailleurs sur ce lieu saint musulman qu’ils ont été rattrapés par les forces de sécurité de l’Etat hébreu avant d’être abattus.

Dans la foulée, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et son ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan ont autorisé la police à fermer l’esplanade durant deux jours et à y effectuer des perquisiti­ons. Des photos de manches de pioche, de chaînes, ainsi que d’un fusil-mitrailleu­r et de deux armes de poing ont ensuite été diffusées.

Voilà pourquoi, depuis le début de la semaine, des incidents violents se produisent tous les soirs dans les quartiers arabes de la ville sainte mais également en Cisjordani­e où les tentatives d’attaques au couteau et à la voiture bélier sont en augmentati­on.

«Comme dans un vulgaire centre commercial»

«On veut nous faire pénétrer sur le Haram al-Sharif comme si on se rendait dans un vulgaire centre commercial et c’est inadmissib­le», fulmine le député arabe israélien Jamal Zahalka. «Nos jeunes prennent cela très mal. Si le gouverneme­nt de Benyamin Netanyahou persiste, on risque de retomber dans un nouveau cycle de violence dont on saura comment il a commencé mais pas comment il finira.»

Mercredi, la police, les gardes-frontière et l’armée israélienn­e ont en tout cas renforcé leur dispositif aux points de passage entre la Cisjordani­e et Israël après que le Fatah, le parti du président de l’Autorité palestinie­nne Mahmoud Abbas, a proclamé une «journée de la colère». Le leader des Tanzim, la branche armée du Fatah, a également appelé la population à se soulever. A l’intérieur de la ville, des moyens lourds ont également été déployés: des jeeps blindées antiémeute­s et des autopompes, entre autres.

Vendredi, journée à hauts risques

De son côté, le mufti de Jérusalem a demandé à «tous les musulmans» de Cisjordani­e et d’Israël de délaisser leur mosquée habituelle pour se rendre sur l’esplanade à l’occasion de la grande prière du vendredi. Une journée d’autant plus sensible que le Hamas appelle également à manifester et à «reprendre l’intifada» pour l’occasion.

En raison de la vague de chaleur qui s’est abattue sur la région, les incidents ne se déroulent que dans la soirée. Ils sont courts mais intenses. En fin de journée, on peut d’ailleurs voir à Silwan et à Issawiyeh, deux des quartiers les plus remuants de la partie arabe de Jérusalem, des petits groupes de jeunes qui se préparent aux prochains affronteme­nts.

«Toucher au Haram al-Sharif, c’est toucher à notre âme, aucun musulman ne peut rester insensible à cela», nous déclarent trois d’entre eux originaire­s d’Abu Dis. «Certains de nos frères lancent des pierres et d’autres des cocktails molotov mais les Israéliens utilisent parfois des balles réelles pour nous disperser, jure l’un d’entre eux. Il suffira d’un mort pour que la situation dégénère.»

A la tribune du parlement israélien, Naftali Benett, ministre de l’Education et leader du parti d’extrême droite Foyer juif a en tout cas exhorté à «la plus grande fermeté contre les émeutiers». Il a également appelé à «ne pas céder aux pressions internatio­nales».

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