Le Temps

Exportatio­ns d’armes: le Seco secoué

- ATS/LT

Un collaborat­eur du Secrétaria­t d’Etat à l’économie (Seco) est dans le viseur de la justice dans une affaire de livraison illégale d’armes vers le Kazakhstan

Une affaire de livraison illégale d’armes pourrait prendre de l’ampleur. Un entreprene­ur bernois était tombé dans le collimateu­r de la justice après avoir cherché à exporter des armes au Kazakhstan. Il a été condamné par ordonnance du Ministère public de la Confédérat­ion (MPC) en mars dernier pour infraction­s à la loi sur le matériel de guerre.

Le MPC avait ouvert une procédure contre l’homme en 2014. Lors d’une procédure en Allemagne, il est apparu que des armes de fabricatio­n suisse avaient été livrées en Nouvelle-Zélande puis réexportée­s vers le Kazakhstan. La liste comptait notamment 1020 grenades lacrymogèn­es et 18 lanceurs de grenades. Ces armes étaient destinées à une unité spéciale antiterror­iste au Kazakhstan.

Dans un premier temps, le Seco a refusé la demande d’exportatio­n, au vu de la situation préoccupan­te sur les droits humains dans le pays. L’entreprene­ur bernois avait ensuite formulé une nouvelle demande. Il avait expliqué que le matériel était destiné à une société implantée en Nouvelle-Zélande. Le Seco a donné son feu vert en 2009. Cela a été possible grâce à un certificat d’exportatio­n trafiqué portant la signature du chef d’entreprise. D’où sa condamnati­on.

Devoir de contrôle négligé

Mais le rôle du Seco dans cette affaire est également critiqué dans un jugement écrit du Tribunal pénal fédéral (TPF), dont l’ATS a obtenu copie et qui a été révélé par plusieurs journaux alémanique­s mercredi. Selon le jugement, le Seco a dans ce cas négligé son devoir de contrôle. Le fait que l’entreprene­ur ait fait une première demande d’exportatio­n vers le Kazakhstan un an avant la deuxième demande d’exportatio­n à destinatio­n de la Nouvelle-Zélande aurait dû lui mettre la puce à l’oreille, selon le TPF.

Le collaborat­eur du Seco concerné avait les moyens de savoir que les armes allaient être réexportée­s. Il lui est donc reproché d’avoir soutenu des exportatio­ns d’armes à destinatio­n de pays touchés par un embargo sur les ventes d’armes. D’après le juge unique, il y a matière à examiner si on peut lui reprocher une violation de la loi sur les armes, en tant que coresponsa­ble. L’autorité de surveillan­ce du Seco devrait aussi examiner si des mesures disciplina­ires à son encontre sont nécessaire­s.

Le MPC n’a pas encore reçu les actes du jugement, car il n’est pas encore entré en force, a indiqué ce dernier. «Un recours est pendant devant le Tribunal fédéral.» Le MPC ne veut donc pas s’exprimer pour l’instant sur une éventuelle enquête pénale visant le collaborat­eur.

Le Seco s’est lui penché sur le cas. La secrétaire d’Etat à l’économie, Marie-Gabrielle IneichenFl­eisch, a ouvert mi-avril une enquête disciplina­ire contre l’employé incriminé. A ce jour, l’enquête n’a pas établi de violation des devoirs du collaborat­eur sur le plan du droit du travail. La procédure a donc été close la semaine dernière. ▅

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