Le Temps

Mais encore

- JULIE RAMBAL @julie_rambal

L’été tout en légèreté de Julie Rambal, la question insolite, deux sudokus, une plongée dans les archives, la BD d’Hélène Becquelin et une adresse pour trouver chaussure à son pied.

A l'adolescenc­e, époque lointaine, ma soeur et ses amies rissolaien­t littéralem­ent sous le soleil de Marbella, le corps enduit d'huile d'olive censé stimuler la mélanine, avaientell­es lu quelque part. Elles rentraient le teint radioactif. A présent, même les comptoirs d'accueil des ferries desservant les îles grecques offrent des brochures avec des gros plans de mélanomes, afin de rappeler que l'épicurisme balnéaire peut s'achever au service dermatolog­ie. Mais le bronzage reste un trophée depuis que l'hygiénisme du XXe siècle a promu les «bains de lumière».

Cette luminosité divise même le monde en deux catégories, l'été: les beaux et mats dès la descente du charter, comme Alain Delon et Romy Schneider dans La Piscine, et ceux qui ne peuvent plus cacher la moindre imperfecti­on de leur derme mou et blême sous ce projecteur de scène braqué du ciel.

Un été, une amie a passé les vacances à coller son bras contre le mien pour voir l'avancement de son hâle. Car je fais partie des imparfaits, plâtrée d'écran total, la tête sous un drap de bain pour éviter une énième lucite estivale, ou pire, le coup de chaleur, comme lorsque j'avais suivi une bande dans son road trip en scooter, en plein cagnard. Ils étaient tous rentrés encore plus rayonnants. Moi, j'avais cru crever.

J'ai beau avoir des gènes andalous et marseillai­s, ce sont les suisses allemands et polonais qui ont gagné. Sauf que mes origines sudistes me poussent à vouloir retrouver une mer aux couleurs sans égal au coucher du soleil. Mon amour des ondes me fait aussi accepter, inconscien­te, les sorties en bateau à midi, avant de finir roulée en boule dans la minuscule cabine de pilotage, pour quelques miettes d'ombre, pendant que les Alain Delon et Romy Schneider rient sur leur paréo, à l'avant. A la rentrée, ce sont les mêmes qui remarquero­nt avec dédain qu'après un séjour méditerran­éen, je suis bien pâle.

Finalement, avoir la mélanine active ne signifie pas forcément être une lumière.

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