Le Temps

Lara Dickenmann sonne le réveil de l’équipe de Suisse à l’Euro féminin

A 31 ans, la Lucernoise Lara Dickenmann reste une des figures de proue de l’équipe de Suisse. Lorsqu’il a fallu réagir pour éviter une éliminatio­n prématurée de l’Euro, c’est elle qui a montré l’exemple

- LARA DICKENMANN ATTAQUANTE DE L’ÉQUIPE DE SUISSE L. PT, ARNHEM

Lara Dickenmann fut, pendant des années, le ( joli) visage du football féminin en Suisse. Sa meilleure ambassadri­ce. Née à Kriens, c’est à l’Olympique lyonnais que sa carrière a véritablem­ent explosé. Entre 2009 et 2015, elle y a gagné deux Ligues des champions et un français parfait, qualité déterminan­te pour bénéficier d’une popularité à l’échelle du pays entier.

Aujourd’hui, Ramona Bachmann (26 ans, Chelsea) est devenue la grande star de l’équipe nationale avec sa technique soyeuse et ses tatouages imposants, mais Lara Dickenmann (31 ans) conserve un rôle de grande soeur. Avec quatre autres anciennes, l’attaquante de Wolfsburg fait partie d’un petit comité qui fait le lien entre le staff et l’équipe. Et lorsqu’il a fallu sonner la révolte à l’Euro, c’est bien elle qui tenait le clairon.

Battue lors de son premier match de l’Euro par l’Autriche (1-0), l’équipe de Suisse n’avait d’autre choix – pour espérer prolonger l’aventure au-delà du premier tour – que de vaincre l’Islande à Doetinchem. Mal parties, elles ont encaissé le premier but avant de réussir à renverser la vapeur (2-1 score final). L’égalisatio­n de Lara Dickenmann a fait office de déclic.

Votre but a libéré la Nati. Comment l’avez-vous vécu? D’abord, je n’étais pas sûre que le ballon allait rentrer car la gardienne l’a touché… Puis j’ai été prise par l’émotion. Je n’avais pas bien joué contre l’Autriche et je voulais absolument montrer que j’étais là, que je pouvais être décisive pour l’équipe. Ce but m’a fait beaucoup de bien.

La passe décisive est signée Ramona Bachmann, qui marque ensuite le deuxième but. Ce sont les joueuses les plus en vue qui ont fait la différence. C’est ce que nous sommes toujours censées faire. Je n’ai aucun problème avec cette responsabi­lité. Je voulais déjà l’assumer contre l’Autriche, mais je n’y suis pas parvenue. Cette fois-ci, je me suis préparée différemme­nt. Pendant les trois jours qui se sont écoulés entre nos deux matches, toutes les joueuses ont effectué un important travail sur le plan psychologi­que, en groupe. Nous avons vu sur le terrain que cela a payé.

Concrèteme­nt, en quoi a consisté ce travail mental? Nous nous sommes réunies avec la coach mentale. Elle, elle pose des questions, c’est tout, et cela lance des discussion­s. Parfois, il faut se dire les choses, pas méchamment, mais franchemen­t. Je ne peux pas entrer dans des détails de contenu. Mais ce qui était important, c’est que nous n’étions qu’entre nous, sans le staff, cela donne une dynamique différente, peut-être nous parlons-nous alors un peu plus librement. La discussion a été très longue, éprouvante, mais c’était une démarche importante. Même à mon âge, ce travail mental est nécessaire.

Entre les deux matches, vous n’aviez pas l’air très heureuse… C’était un passage pénible. Quand je ne suis pas contente de moi, je cogite beaucoup et il n’est pas toujours simple de trouver des solutions. On pense que quand on a la chance de disputer un Euro, on doit savourer, mais il faut se rendre compte qu’un match perdu, comme contre l’Autriche, et les moments qui suivent, c’est épuisant. Impossible de profiter, d’autant que le travail reste dur.

Qu’attendiez-vous de vous-même contre l’Islande? Avant le match, je me suis préparée au combat. A assumer mon rôle de leader par les actes. J’ai montré le niveau d’engagement qu’on devait avoir dès mon premier tacle, très appuyé. Trop appuyé. Je prends un carton jaune, j’ai eu un peu de chance qu’il ne soit pas rouge… L’adversaire s’est trouvée où je ne l’attendais pas. Evidemment, mon intention n’était pas de la brutaliser.

Pensez-vous que la Nati saura faire preuve de la même énergie contre la France, un match qui sera une finale pour passer le cap du premier tour? Je pense que oui. Mon sentiment est beaucoup plus positif qu’après notre premier match. Je suis fière de la réaction de l’équipe.

Vous avez habité six ans dans l’Hexagone. A quel point ce match sera-t-il spécial pour vous? Ce sera très particulie­r. En France, j’ai rencontré beaucoup de gens qui sont devenus des amis. J’aime le pays. J’aime la ville de Lyon où j’ai vécu. J’aime la culture foot qui y existe. Je considère vraiment que je suis privilégié­e d’avoir pu jouer pour l’Olympique lyonnais au moment où ce club devenait si important. Au-delà, je connais beaucoup de joueuses chez les Bleues. Au début du tournoi, pour moi, elles comptaient parmi les principale­s favorites. Maintenant, on voit que même pour elles, ce n’est pas facile (victoire 1-0 contre l’Islande, nul 1-1 contre l’Autriche). Notre objectif sera bien sûr de les battre.

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