La situation reste explosive à Jérusalem et dans les Territoires
La tension demeure très forte dans les quartiers arabes de Jérusalem après neuf jours d’émeutes pour protester contre l’installation par Israël de portails aux entrées de l’Esplanade des mosquées
Dans l’attente de la réunion urgente du Conseil de sécurité convoquée lundi à la demande de la France, de la Suède et de l’Egypte, la tension reste très forte dans les quartiers arabes de Jérusalem ainsi que dans les territoires palestiniens. Certes, au terme de neuf jours d’émeutes pour protester contre l’installation par Israël de portails aux entrées du Haram al-Sharif, le troisième lieu saint de l’islam, Benyamin Netanyahou a annoncé qu’il réunirait dimanche soir un cabinet restreint de la Défense chargé d’évaluer l’état sécuritaire. Mais la situation restait versatile. En raison de l’attentat perpétré durant le weekend par un Palestinien qui a poignardé à mort trois civils dans la colonie de Halamish (Cisjordanie occupée), et parce que peu avant la session à huis clos du cabinet rien ne permettait d’affirmer que les principaux ministres de l’Etat hébreu calmeraient le jeu en supprimant les contrôles électroniques à l’entrée de l’esplanade.
«Les faucons du Likoud et du parti d’extrême droite Foyer juif poussent au maintien des appareils de contrôle parce qu’Israël est suffisamment puissant pour mater n’importe quelle rébellion palestinienne», estime le chroniqueur politique Moav Vardi. «A leurs yeux, Jérusalem est la capitale indivisible d’Israël et le gouvernement a le droit d’y faire ce qu’il veut.Ils disent que si Netanyahou et son ministre de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, font marche arrière, ils donneront raison au terroriste de Halamish et montreront des signes de faiblesse face aux émeutes et aux pressions de la rue palestinienne.»
Interventions des Etats-Unis
Cependant, même s’il n’en parle pas publiquement, le premier ministre israélien doit aussi composer avec les interventions des Etats-Unis, des pays arabes dits «modérés» tels l’Egypte et la Jordanie, ainsi que de l’Union européenne. Ceux-ci l’incitent en effet à faire preuve de souplesse pour éviter une dégradation de la situation sécuritaire, qui ajouterait au chaos actuel du Proche-Orient.
Ces dernières heures, l’état-major de la police a d’ailleurs proposé quelques solutions de remplacement susceptibles de calmer les inquiétudes étrangères telles des barrières spéciales, voire un scanner. Mais le Waqf, l’instance musulmane gérant l’Esplanade des mosquées, ne veut rien entendre. Soutenu par l’ensemble du monde arabe, il exige le retour à la situation qui prévalait il y a une semaine et demie.
Le fait que l’Autorité palestinienne ait décidé vendredi d’interrompre tous ses contacts avec Israël, y compris ses échanges sécuritaires, n’émeut quasiment personne à Jérusalem. «Ça ne change rien, on peut tout aussi bien faire sans eux et de toute façon, ils ont plus besoin de nous que le contraire», assène le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman.
Par contre, l’opinion s’inquiète beaucoup plus de la manière cavalière avec laquelle a été décidé le placement de portails magnétiques aux entrées de l’Esplanade des mosquées, puisque Benyamin Netanyahou s’est contenté de téléphoner aux membres du cabinet restreint de la Défense avant de donner son accord. En tout cas, il n’a pas tenu compte de l’avis du Shabak (la Sûreté générale) et de l’Aman (le renseignement militaire) qui lui conseillaient de ne pas toucher au lieu saint musulman pour ne pas enclencher un nouveau cycle de violences.
L’opinion publique palestinienne a changé
Dans les rapports journaliers qu’il adresse au gouvernement, l’Aman signale en tout cas que «quelque chose» a changé dans l’opinion palestinienne. Que ses analystes détectent la même «dynamique négative» qu’ils avaient remarquée au début de l’été 2014, peu avant le déclenchement de l’opération «Bordure protectrice», la guerre de cinquante jours entre Israël et les organisations palestiniennes de Gaza. Les notes du renseignement militaire préviennent aussi les dirigeants israéliens que des «éléments religieux» sont de plus en plus présents dans la motivation des manifestants de Cisjordanie et de la bande de Gaza alors qu’auparavant, ils étaient uniquement politiques.
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