Le Temps

Héros national

- VALÉRIE LEMAIGRE, ÉCONOMISTE EN CHEF, BCGE

L’occasion du sacre de Roger Federer au tournoi de Wimbledon, lui qui saute de record en record (8e titre à Wimbledon et 19e du Grand Chelem), remet la Suisse au premier plan mondial. Et le tennis n’est pas la seule source de victoire, le marché suisse des actions étant positionné depuis le début de l’année dans le peloton de tête. Mais quelle recette ces entreprene­urs suisses ont-ils pour gravir les podiums? Doit-on parler de coup de génie ou plutôt d’une aptitude à transforme­r la passion, la déterminat­ion, la perspicaci­té, la constance et la concentrat­ion en réalité?

«C’est l’innovation qui différenci­e les leaders des suiveurs», disait Steve Jobs. Le cycle des investisse­ments des entreprise­s a repris récemment, avec cet appétit pour l’innovation, la recherche du processus optimal, de la technologi­e de pointe: des investisse­ments dits de productivi­té.

Quel que soit le secteur chaque entreprise doit intégrer dans ses projets de production de biens et de services la quatrième révolution industriel­le dont la complexité fascine et inquiète à la fois: elle repose sur le développem­ent exponentie­l et la fusion des technologi­es pour brouiller les frontières entre les sphères physique, numérique et biologique.

La sphère humaine se distingue de moins en moins de la sphère physique et technique. On parle d’intelligen­ce artificiel­le, de robotique, d’Internet des objets, de véhicules autonomes, d’impression en trois dimensions, de nanotechno­logie, de biotechnol­ogie, et j’en passe. Les domaines et les secteurs d’innovation sont multiples et complexes, mais le trait d’union reste la technologi­e.

Les marchés financiers ne sont pas restés indifféren­ts à ce retour de l’investisse­ment, en particulie­r technologi­que (hardware, software et semi-conducteur­s); ces secteurs enregistre­nt une surperform­ance significat­ive de l’ordre de 5 à 10% pour les principaux marchés, atteignant 30% sur le marché suisse. Les prises de profit du mois de juin n’ont finalement été qu’une source d’opportunit­és.

Les opérateurs financiers sont toujours prêts à payer une prime pour la technologi­e. Et, si elle est exagérée sur les sociétés internet américaine­s avec presque 60%, que nous recommando­ns d’éviter, elle reste raisonnabl­e (de 10% pour le secteur de l’IT et des semi-conducteur­s) et largement justifiée dans le cadre des développem­ents majeurs que connaissen­t les entreprise­s exposées à cette quatrième révolution industriel­le.

Investir dans les marchés américains et émergents, en particulie­r asiatiques (Chine, Taïwan et Corée du Sud), permet de s’exposer à plus de 20% au secteur IT. En revanche, en Europe et en Suisse, il faut préférer les plus petites capitalisa­tions pour dégager une sélection plus large de compagnies du secteur.

A l’instar du héros Federer, le pas que les entreprene­urs suisses franchisse­nt avec brio est celui de la déterminat­ion, de l’audace, de la perspicaci­té, de la rupture et de beaucoup de travail, clef du succès suisse pour faire face aux défis notamment de la révolution numérique.

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