La City accuse la France de chercher à profiter du Brexit pour l’affaiblir
Un rapport britannique s’inquiète de la «prétention» affichée par la France pour attirer les financiers londoniens
Les Français veulent profiter du Brexit pour «affaiblir la Grande-Bretagne et fragiliser la City de Londres» d’autant que l’élection d’Emmanuel Macron accroît leur «vertige» de puissance et leur «agressivité». L’analyse de Jeremy Browne, représentant spécial de la corporation de la City auprès de l’Union européenne, donne un avant-goût de la rudesse des échanges à venir lorsque les discussions entamées à Bruxelles aborderont les dossiers financiers.
Le rapport de Jeremy Browne sur ses entretiens, début juillet à Paris, au Ministère des finances et à la Banque de France, a fait récemment les choux gras du tabloïd Daily Mail. Le journal, friand de «French bashing», n’a même pas eu à forcer le trait pour titrer sur le «complot français» pour faire «dérailler la Grande-Bretagne» et la «guerre ouverte» contre la City.
La France souhaite «le Brexit le plus dur possible» et «semble se réjouir de résultats nuisibles à la City de Londres même si Paris n’en bénéficie pas», grince Jeremy Browne. Le «Monsieur Europe» de la City qui sillonne le continent présente son passage à Paris comme une expérience cuisante: «Le rendez-vous avec la banque centrale française était le pire que j’ai eu dans l’UE.» Les Français «souhaitent une désorganisation. Ils militent activement pour l’éclatement des dispositions sur les services financiers et refusent même de reconnaître que cela va accroître les coûts.» Jeremy Browne insiste: «La France considère la Grande-Bretagne et la City de Londres comme des adversaires, pas des partenaires.»
«Grandeur impériale»
Le représentant de la City semble ignorer que les représentants du patronat britannique mettent eux-mêmes en garde contre les conséquences «catastrophiques» du Brexit en cas d’échec des négociations, et que plusieurs banques ont commencé à délocaliser des emplois vers Francfort, Paris et Dublin.
Passant sous silence la fermeté des autres Etats de l’Union et fidèle à la stratégie britannique de division, il affirme que l’agressivité française suscite «beaucoup d’inquiétudes ailleurs dans l’UE». Alors que la nostalgie impériale des Britanniques a nourri une partie du vote pro-Brexit, Jeremy Browne trouve «légèrement comique la prétention à la grandeur impériale» des Français. La véhémence de son propos peut être lue comme un hommage à l’offensive menée par le nouveau gouvernement français pour attirer à Paris les banques londoniennes par des avantages fiscaux et des formalités simplifiées.
Les dirigeants de la City ne désavouent pas le langage peu diplomatique de leur «envoyé spécial». Ils ont cependant tenu à contacter Le Monde pour faire par de leur «réponse». «C’est une chance d’avoir ce dialogue franc et ouvert et nous sommes reconnaissants envers nos collègues [français] de nous en avoir offert l’occasion, commente Catherine McGuinness, présidente du comité politique de la corporation de la City. Nous comprenons que Paris cherche à attirer des emplois et nous ferions la même chose à sa place.» Mais la City estime que «Paris a encore beaucoup de chemin à faire pour être considérée comme une place financière d’envergure mondiale». L’échange d’amabilités ne fait que commencer.
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«La France considère la GrandeBretagne et la City de Londres comme des adversaires, pas des partenaires»
JEREMY BROWNE, REPRÉSENTANT SPÉCIAL DE LA CITY AUPRÈS DE L’UE