Anne Dufourmantelle, la puissance de la douceur
Les obsèques de la philosophe et psychanalyste française, morte vendredi en voulant secourir le fils d’une amie sur une plage du Var, ont eu lieu mardi. Hommage
Fortes émotions après le décès accidentel de la philosophe et psychanalyste française de 53 ans, Anne Dufourmantelle. Vendredi, elle a tenté de porter secours au fils d'une amie, âgé de 10 ans, en détresse sur la plage de Pampelonne à Ramatuelle dans le Var. La mer était démontée, le drapeau rouge et la baignade interdite quand Anne Dufourmantelle est intervenue. Emportée par les vagues, elle a succombé à un arrêt cardiaque. Le jeune garçon est sain et sauf. Les obsèques d'Anne Dufourmantelle ont eu lieu mardi à Ramatuelle.
Un regard sur la douceur
Auteure d'une vingtaine d'ouvrages, Anne Dufourmantelle croisait philosophie et psychanalyse pour éclairer d'une lumière forte et originale des thématiques comme la douceur, le risque, le secret.
La ligne de force de ses recherches, menées en parallèle à sa pratique psychanalytique, était l'étude de ce qui permet la liberté dans l'existence malgré tous les conditionnements. Docteure en philosophie de l'Université Paris-Sorbonne en 1994, diplômée de l'Université de Brown, elle a enseigné à l'Ecole nationale supérieure d'architecture de Paris-La Villette, à l'Institut des hautes études en psychanalyse, à l'Ecole normale supérieure à Paris et à la New York University.
Une mise en garde face à la dictature de la transparence
La Puissance de la douceur (Payot, 2013), écrit d'une plume claire et extrêmement sensible, démontrait l'importance, la richesse et la force de la douceur dans le monde d'aujourd'hui. A l'heure où la performance voire l'agressivité dans l'action sont de plus en plus célébrées, Anne Dufourmantelle explique que la douceur, loin d'être mièvre ou molle, est avant tout une puissance, une force de transformation de la vie.
Dans L’Intelligence du rêve, elle expliquait que le champ du rêve est plus vaste que le présage ou l'expression du refoulé: le rêve permet la conscience et l'expérience d'un temps différent. Etre à l'écoute de l'intelligence du songe nous permet d'être les créateurs de nos vies. Défense du secret (2015), son dernier livre, analysait les dangers d'une intimité poreuse imposée par la dictature de la transparence.
Un titre prend un écho particulier aujourd'hui, c'est L’Eloge du risque où, comme le rappelle Elisabeth
Elle éclairait d’une lumière forte et originale des thématiques comme la douceur, le risque, le secret
Roudinesco dans Le Monde, la philosophe commentait une phrase de Hölderlin: «Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve.» La prise de risque, le risque d'aimer, n'était pas pour elle le signe d'une névrose, mais plutôt le signe d'une liberté face à toute dépendance.
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