Le Temps

«Paille et soleil»: les mesures volontaris­tes du canton de Vaud

- BORIS BUSSLINGER

Les scandales en série liés aux conditions régnant dans les élevages porcins entraînent une vive réaction de l’exécutif vaudois

Philippe Leuba, conseiller d’Etat vaudois chargé de l’Economie, l’affirme: «Dans leur ampleur, ces mesures sont sans précédent dans le canton de Vaud et même en Suisse.» Les voici. En premier, plus d’espace pour les bêtes. Les cochons d’élevages subvention­nés devront désormais avoir accès à une «courette». Si l’espace extérieur à dispositio­n de l’éleveur fait défaut, la place au sol intérieure devra obligatoir­ement passer de 0,9 à 1,65 mètre carré par porc. Pour ce faire, les aides financière­s passent de 400 à 700 francs par place de porc.

«Un saut qualitatif!» s’exclame Philippe Leuba, qui baptise cette nouvelle façon de procéder du nom champêtre de «paille et soleil». En outre, le montant alloué aux contrôles des porcheries par des vétérinair­es sera doublé et une présence humaine requise deux fois par jour. Enfin, tout porcher bénéfician­t d’aides cantonales devra désormais suivre une formation obligatoir­e. «Les dégâts d’image provoqués par l’attitude d’une minorité rejailliss­ent sur toute la filière porcine. C’est pour préserver la branche, déjà souffrante, que nous prenons des mesures d’une telle force», explique le conseiller d’Etat. Ces mesures seront financées par un crédit de 4 millions alloué par le Grand Conseil en 2015, qui vise à soutenir le secteur porcin.

L’impact de ces nouvelles règles doit toutefois être relativisé: les normes en vigueur au sein des porcheries suisses étant fédérales, le canton ne peut pas exiger davantage d’un porcher, à moins qu’il ne soit au bénéfice de subvention­s cantonales. Or, un tiers des 200 porcheries vaudoises ne reçoit pas d’assistance financière et n’est donc pas concerné.

Les Annen visés

D’autres mesures de l’exécutif visent très spécifique­ment la famille Annen. Aujourd’hui, un porcher suisse peut détenir un maximum de 3000 animaux, généraleme­nt réunis dans une ou deux porcheries. Avec 23 établissem­ents, la très grande famille Annen, de loin le numéro un du porc vaudois, n’entre pas dans cette configurat­ion. Cette profusion est donc considérée d’un oeil suspicieux par les autorités, qui ont annoncé l’ouverture de pas moins de 10 procédures administra­tives afin d’examiner l’indépendan­ce comptable des installati­ons louées ou exploitées par le clan.

S’ajoutent aussi l’interdicti­on prononcée à cinq sociétés du congloméra­t familial de mettre en place de nouveaux porcs et l’obligation signifiée à trois d’entre elles de diminuer leurs effectifs porcins de 30% pour éviter la propagatio­n du cannibalis­me. Les contrevena­nts du clan Annen se verront en outre retirer leur patente de marchand de bétail et les récidivist­es seront frappés d’une interdicti­on de détention. Les infraction­s déjà constatées feront, elles, l’objet d’une dénonciati­on pénale.

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