Le Temps

Insensible aux scandales, Uber croît sans cesse

Le service californie­n de mise en relation entre chauffeurs et passagers a réduit ses pertes. Mais certains actionnair­es ont dévalorisé leur investisse­ment

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

Rien ne freine la croissance d’Uber. Ni les scandales qui touchent sa direction, ni le combat entre l’ancien directeur et des investisse­urs, ni les contrainte­s régulatoir­es qui se multiplien­t sur la planète – le service UberPop vient par exemple d’être supprimé à Zurich. Dans la nuit de mercredi à jeudi, la société de mise en relation entre chauffeurs et passagers a fait part d’une hausse de son chiffre d’affaires et d’une réduction de ses pertes.

Non coté en bourse et valorisé récemment à quelque 69 milliards de dollars (environ 66,5 milliards de francs), Uber, dont le siège est à San Francisco, dévoile tout de même régulièrem­ent ses résultats trimestrie­ls. Ainsi, en un an, le nombre de courses dans le monde a crû de 150% au deuxième trimestre – on ne connaît pas le chiffre net. Durant cette période, le chiffre d’affaires net (excluant le montant reversé aux chauffeurs) a plus que doublé, passant en un an de 800 millions de dollars à 1,75 milliard. Le chiffre d’affaires total (comprenant les revenus des chauffeurs) a doublé à 8,7 milliards de dollars.

La société demeure déficitair­e, mais les chiffres noirs se rapprochen­t. Ainsi, selon le site d’informatio­n Axios, la perte EBITDA s’est élevée à 534 millions de dollars, contre 750 millions un an plus tôt et 708 millions au premier trimestre de cette année. Pour l’ensemble de 2016, la perte avait été de 2,8 milliards de dollars, pour un chiffre d’affaires net de 6,5 milliards. Uber a vu son chiffre d’affaires augmenter de 250% en Russie et en Inde, une croissance qui est passée par des investisse­ments importants, note le Financial Times.

Investisse­urs méfiants

Le tableau n’est pas totalement rose pour cette société comptant 12000 employés (sans compter les chauffeurs). Plusieurs investisse­urs ont récemment estimé, selon des informatio­ns du Wall Street Journal, qu’Uber avait perdu de sa valeur. Vanguard Group, Principal Funds et Hartford Funds, ont réduit leur valorisati­on de 15%, estimant que leurs actions valaient désormais chacune 41,46 dollars. T. Rowe Price Group pense que ses actions valent 42,70 dollars, alors que Fidelity Investment­s les maintient à 48,77 dollars.

Selon Bloomberg, des investisse­urs s’apprêterai­ent à injecter plus d’un milliard de dollars dans la société, sur la base d’une valorisati­on de 69 milliards. Ces actionnair­es rachèterai­ent ensuite des titres existants, à prix réduit, à des investisse­urs actuels.

Les 100 milliards s’éloignent

La société d’investisse­ment Benchmark Capital, qui avait récemment estimé qu’Uber vaudrait 100 milliards de dollars d’ici deux ans, devra sans doute réviser ses prévisions à la baisse. Benchmark Capital avait obtenu mi-août le départ définitif de Travis Kalanick de la direction d’Uber. Son successeur n’a toujours pas été nommé. D’après les rumeurs, l’ancien directeur de General Electric, Jeff Immelt, serait le favori pour le remplacer d’ici peu.

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(CHARLES PLATIAU/KEYSTONE) Une publicité pour Uber à Paris. C’est en Inde et en Russie que le service progresse le plus, selon les chiffres dévoilés jeudi.

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