Spécial Journée des banquiers: priorité à l’innovation
Les grandes banques progressent tant au niveau des avoirs que des revenus. Les plus petites qui sont restées généralistes peineront à trouver des solutions tant qu’un bond en avant technologique ne se produit pas
La reprise sur le marché de la gestion de fortune profite davantage aux grands établissements bancaires. Leurs derniers résultats montrent une hausse de leurs actifs sous gestion et de leurs revenus. L’augmentation des coûts opérationnels est plus difficile à gérer pour les plus petits établissements qui n’ont pas réduit le nombre de marchés qu’ils couvrent et qui n’offrent pas des performances supérieures. Un bond en avant technologique – qui tarde encore à venir – les aiderait à abaisser leurs coûts et à pouvoir de nouveau se concentrer sur la stratégie.
Les acteurs suisses de la gestion de fortune se classent clairement en deux catégories, dix ans après le début de la crise financière et huit ans après l’abandon du secret bancaire. D’un côté, les grands établissements augmentent de nouveau leurs masses sous gestion, parfois grâce à des acquisitions. Leurs revenus progressent aussi grâce à la reprise de l’activité des clients. De l’autre, de nombreuses banques plus petites et des gérants indépendants souffrent davantage de l’augmentation des coûts découlant en particulier des nouvelles exigences réglementaires.
On peut parier que cette deuxième catégorie comprend la majorité des 60 à 70 acteurs que KPMG voit disparaître à plus ou moins brève échéance, dans une étude parue début septembre.
Généralistes de petite taille sous pression
Il serait néanmoins faux de prédire le pire pour tous les petits acteurs. Une quinzaine de milliards est souvent présentée comme la nouvelle taille minimale pour opérer sous une licence bancaire. Tout dépend du modèle d’affaires. De belles réussites ont été obtenues avec des actifs limités ces dernières années. Mais l’avenir s’annonce sombre pour les acteurs de taille modeste qui sont restés généralistes, qui n’ont pas réduit le nombre de marchés qu’ils couvrent et sans plus-value claire au niveau de la performance.
Beaucoup plus importante pour le client que par le passé, la performance est l’un des principaux défis à relever. Les banques voudraient l’obtenir à travers leurs propres produits, ce qui est plus rémunérateur. Mais il n’est pas facile de trouver des spécialistes – les «talents», en jargon bancaire – et il peut être délicat de mettre en avant des produits peu performants par le passé.
Une autre difficulté vient de l’importance des avoirs qui ne sont pas gérés dans des fonds ni dans le cadre de mandats. Ces «autres avoirs» représentent une proportion importante des actifs dans de nombreux établissements. Les nouvelles réglementations comme la directive MiFID rendront pratiquement impossible le fait de conseiller ces clients. Il sera également difficile de leur facturer des services d’exécution que des banques en ligne proposent à des tarifs bien inférieurs. Deux solutions se présentent alors: soit équiper cette clientèle en mandats, soit la fidéliser (et la rentabiliser) à travers de nouveaux services (ingénierie patrimoniale par exemple).
L’horizon pourrait néanmoins se dégager, idéalement d’ici trois à cinq ans, si de nouvelles solutions technologiques plus efficaces abaissent véritablement les coûts de production des services bancaires. Malgré l’engouement autour de la blockchain, de l’intelligence artificielle ou des robots, de tels systèmes ne sont pas encore disponibles sur le marché. Il faudrait que les actionnaires des banques en difficulté tiennent jusqu’à ce qu’ils le soient. Et à ce moment-là, la stratégie, la vision, bref, l’innovation redevienne l’élément fondamental de la gestion de fortune.
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Beaucoup plus importante pour le client que par le passé, la performance est l’un des principaux défis à relever