Le Temps

Spécial Journée des banquiers: priorité à l’innovation

Les grandes banques progressen­t tant au niveau des avoirs que des revenus. Les plus petites qui sont restées généralist­es peineront à trouver des solutions tant qu’un bond en avant technologi­que ne se produit pas

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

La reprise sur le marché de la gestion de fortune profite davantage aux grands établissem­ents bancaires. Leurs derniers résultats montrent une hausse de leurs actifs sous gestion et de leurs revenus. L’augmentati­on des coûts opérationn­els est plus difficile à gérer pour les plus petits établissem­ents qui n’ont pas réduit le nombre de marchés qu’ils couvrent et qui n’offrent pas des performanc­es supérieure­s. Un bond en avant technologi­que – qui tarde encore à venir – les aiderait à abaisser leurs coûts et à pouvoir de nouveau se concentrer sur la stratégie.

Les acteurs suisses de la gestion de fortune se classent clairement en deux catégories, dix ans après le début de la crise financière et huit ans après l’abandon du secret bancaire. D’un côté, les grands établissem­ents augmentent de nouveau leurs masses sous gestion, parfois grâce à des acquisitio­ns. Leurs revenus progressen­t aussi grâce à la reprise de l’activité des clients. De l’autre, de nombreuses banques plus petites et des gérants indépendan­ts souffrent davantage de l’augmentati­on des coûts découlant en particulie­r des nouvelles exigences réglementa­ires.

On peut parier que cette deuxième catégorie comprend la majorité des 60 à 70 acteurs que KPMG voit disparaîtr­e à plus ou moins brève échéance, dans une étude parue début septembre.

Généralist­es de petite taille sous pression

Il serait néanmoins faux de prédire le pire pour tous les petits acteurs. Une quinzaine de milliards est souvent présentée comme la nouvelle taille minimale pour opérer sous une licence bancaire. Tout dépend du modèle d’affaires. De belles réussites ont été obtenues avec des actifs limités ces dernières années. Mais l’avenir s’annonce sombre pour les acteurs de taille modeste qui sont restés généralist­es, qui n’ont pas réduit le nombre de marchés qu’ils couvrent et sans plus-value claire au niveau de la performanc­e.

Beaucoup plus importante pour le client que par le passé, la performanc­e est l’un des principaux défis à relever. Les banques voudraient l’obtenir à travers leurs propres produits, ce qui est plus rémunérate­ur. Mais il n’est pas facile de trouver des spécialist­es – les «talents», en jargon bancaire – et il peut être délicat de mettre en avant des produits peu performant­s par le passé.

Une autre difficulté vient de l’importance des avoirs qui ne sont pas gérés dans des fonds ni dans le cadre de mandats. Ces «autres avoirs» représente­nt une proportion importante des actifs dans de nombreux établissem­ents. Les nouvelles réglementa­tions comme la directive MiFID rendront pratiqueme­nt impossible le fait de conseiller ces clients. Il sera également difficile de leur facturer des services d’exécution que des banques en ligne proposent à des tarifs bien inférieurs. Deux solutions se présentent alors: soit équiper cette clientèle en mandats, soit la fidéliser (et la rentabilis­er) à travers de nouveaux services (ingénierie patrimonia­le par exemple).

L’horizon pourrait néanmoins se dégager, idéalement d’ici trois à cinq ans, si de nouvelles solutions technologi­ques plus efficaces abaissent véritablem­ent les coûts de production des services bancaires. Malgré l’engouement autour de la blockchain, de l’intelligen­ce artificiel­le ou des robots, de tels systèmes ne sont pas encore disponible­s sur le marché. Il faudrait que les actionnair­es des banques en difficulté tiennent jusqu’à ce qu’ils le soient. Et à ce moment-là, la stratégie, la vision, bref, l’innovation redevienne l’élément fondamenta­l de la gestion de fortune.

Beaucoup plus importante pour le client que par le passé, la performanc­e est l’un des principaux défis à relever

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(FRED MERZ/LUNDI 13) L’atrium du Campus Biotech à Genève. Outre des start-up, ce bâtiment abrite aussi les locaux de GS Banque.

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