Le Temps

Pour les futurs millionnai­res

Numériques, ils offrent désormais leurs services pour ultra-riches aux fortunes plus modestes, qui présentent des besoins nouveaux

- MATTHIAS NIKLOWITZ

Celui de la famille Schindler (du groupe des ascenseurs) s’appelle Adin. Oprah Winfrey, papesse états-unienne du talkshow, est servie par OW Management LLC, et les familles Oeri et Hoffmann, héritières de l’empire pharmaceut­ique Roche, ont leur banque privée, Scobank. Nous parlons des family offices des très grandes fortunes de ce monde. On ne dispose que de peu d’informatio­ns à leur sujet car elles ne sont pas enregistré­es et il peut être extrêmemen­t difficile de distinguer clairement entre banques privées et family offices proprement dits.

La société d’audit et de conseil Ernst & Young estime à 10 000 le nombre de family offices dans le monde, dont un tiers pour les seuls Etats-Unis. Les trois douzaines de hedge funds convertis après que leurs investisse­urs eurent été payés comptent parmi les illustres family offices des USA. Ils ne sont plus considérés comme tels au regard de la législatio­n. La limite inférieure d’avoirs à partir de laquelle il vaut la peine de constituer un family office se situe autour d’une centaine de millions de dollars.

Effets d’échelle descendant­s

Les personnes moins riches peuvent se procurer des services de family office auprès de prestatair­es spécialisé­s. Même celles qui disposent de patrimoine­s sensibleme­nt moins importants peuvent désormais se tourner vers les premiers family offices numériques, qui s’apprêtent à conquérir l’un des derniers bastions de la banque basée sur la relation. Cette offre numérique satisfait à trois critères de base:

• Elle s’adapte bien à des échelles différente­s. Les family offices numériques conviennen­t essentiell­ement aux fortunes ne dépassant pas le demi-million.

• Le family office, peu compatible avec les applis d’aujourd’hui, séduit moins les jeunes riches en devenir que leurs parents.

• En termes d’infrastruc­ture informatiq­ue, de bases de données et de sécurité informatiq­ue, l’offre numérique est de plus en plus intéressan­te. En Suisse, la plateforme Flynt, derrière laquelle on trouve Jan Schoch, fondateur de Leonteq, est opérationn­elle depuis juillet dernier pour un premier groupe de clients test. «Flynt avait préparé le lancement du premier module de son service Wealth Ecosystem, qui propose au client une gestion indépendan­te et globale de structures patrimonia­les complexes», explique Daniel Münch, porte-parole de Flynt.

Flynt se met en place

Le produit Wealth Ecosystem développé par Flynt, avec son premier module, baptisé Wealth, est une plateforme de technologi­e destinée à mettre en réseau les valeurs bancaires et non bancaires. Avec lui, les clients peuvent également gérer les placements illiquides tels que les objets d’art et les biens immobilier­s. Plus de quarante experts en logiciels travaillen­t au siège de Flynt, à Zoug, avec des spécialist­es de la gestion de fortune globale provenant de dix pays différents.

«Les innovation­s du secteur des technologi­es financière­s étant un terrain entièremen­t nouveau, aussi bien pour les développeu­rs que pour le régulateur, Flynt et la Finma travaillen­t en concertati­on à satisfaire aux dernières exigences légales et à conclure le processus d’autorisati­on», poursuit Daniel Münch. La Finma a délivré sa licence bancaire à Flynt fin juillet – une licence ordinaire et non la version light prévue pour les fintechs.

La mise en place se fera par étapes. «Wealth Ecosystem démarre pas à pas, avec la clientèle», relève Daniel Münch. L’architectu­re logicielle renferme un mélange bien proportion­né de solutions de sécurité et de services basés sur le cloud. Les frais d’utilisatio­n, à partir de 20 000 francs par an, dépendent du nombre de modules utilisés. Flynt devra trouver 200 à 300 clients pour atteindre son point d’équilibre.

En Allemagne, la fintech Liqid, qui se définit comme un family office numérique, est déjà pleinement opérationn­elle. Ses clients pilotes utilisent ses services depuis l’été 2015, le régime de croisière a été atteint en septembre 2016. Une nouvelle phase de financemen­t a eu lieu en février de cette année. Elle a permis d’augmenter le capital, de 4,5 millions à 10 millions environ.

Cette entreprise berlinoise peut se vanter d’avoir d’illustres investisse­urs et passeurs de savoir-faire: les familles Quandt et Holtzbrinc­k. Elle s’adresse aux détenteurs de fortunes de 100 000 euros et plus. La banque privée allemande M.M.Warburg a choisi une autre voie avec son appli Ownly. Développée par le biais de W&Z, une start-up qu’elle a fondée pour l’occasion, Ownly propose des prestation­s similaires à celles que fournissen­t les family offices traditionn­els. En plus du suivi continu de la fortune, il s’agit de fonctions de concierge de voyage et d’achat de produits de luxe. Histoire que gérer son argent soit au moins aussi fun que de le dépenser.

En Suisse, Flynt est opérationn­el depuis juillet 2017 Gérer son argent doit être aussi fun que de le dépenser

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