Le Temps

La Suisse regorge d’appartemen­ts vides

- SERVAN PECA @servanpeca

Les loyers baissent car près de 65 000 logements sont inoccupés dans le pays. Du jamais-vu depuis vingt ans

Pour les Suisses qui cherchent à déménager, le choix s'élargit. Dans le pays, le taux de vacance continue d'augmenter. Début juin, il se situait à 1,5%, contre 1,4% un an plus tôt.

Les situations sont toutefois différente­s selon les régions. Les taux de vacance les plus élevés sont enregistré­s à Bienne (2,1%) et à La Chaux-de-Fonds (2%). Avec 1,5%, Fribourg est dans la moyenne suisse, tandis qu'à Lausanne (0,4%) ou à Genève (0,6%), la situation reste tendue. La palme revient à Zurich et à Thoune, avec 0,2% de maisons ou d'appartemen­ts vacants.

Concrèteme­nt, au niveau national, cela signifie que 65 000 logements - à la vente ou à la location - sont désormais disponible­s sur le territoire. C'est 20000 de plus qu'en 2013. La situation la plus inédite concerne le marché de la location: quelque 53000 appartemen­ts ou maisons n'ont pas (encore) trouvé preneur. Soit 7800 de plus que l'année dernière. L'Office fédéral de la statistiqu­e (OFS), qui a publié ses chiffres lundi, note que «ce seuil n'avait plus été atteint depuis la fin des années 90».

Parmi ses 53000 objets, une dizaine de milliers d'entre eux sont des constructi­ons neuves, c'est-à-dire sorties de terre au cours des deux dernières années, estime UBS dans une étude publiée mardi. «Nous estimons que près d'un nouveau logement sur dix est vacant», écrit l'économiste Maciej Skoczek.

Les locataires ont repris la main

La demande ne baisse pas significat­ivement. C'est l'offre qui augmente trop rapidement, comme l'explique Wüest Partner dans son dernier «Moniteur immobilier». Le cabinet de conseil prévoit que 7000 unités excédentai­res vont encore être construite­s cette année. Pourquoi? Parce que les investisse­urs, en manque d'alternativ­es de placement, ont davantage misé sur les rendements que peut offrir l'immobilier. Ils achètent donc des immeubles et en font construire des nouveaux.

Conséquenc­e directe de cette abondance d'offre: les loyers continuent de baisser. «Le marché locatif s'est transformé en marché de locataires plutôt que de propriétai­res», résument les experts du cabinet de conseil Wüest Partner. L'équilibre qui prévalait au cours de la dernière décennie – les loyers ont augmenté de plus de 20% entre 2007 et 2016 – s'est inversé.

Selon UBS, les loyers des nouvelles constructi­ons sont désormais 10% plus bas qu'en 2014. Et la tendance devrait se poursuivre, même si «pour l'éviter, les logeurs offrent des bons d'achat, des smartphone­s ou des mois de loyer gratuits», explique Maciej Skoczek. Cela n'empêchera pas les loyers de ces logements neufs de baisser de 2,5% cette année, selon lui. Globalemen­t, en 2017, la baisse des loyers devrait atteindre 1% dans le pays.

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