Le Temps

Le franc fort est un peu moins fort

- PROPOS RECUEILLIS PAR RICHARD WERLY, PARIS @LTwerly

La BNS a annoncé qu’elle allait maintenir ses taux négatifs et poursuivre ses interventi­ons sur le marché des changes. Mais elle remarque également que la surévaluat­ion du franc s’est réduite.

Le secrétaire général de l'OCDE Angel Gurria présentait jeudi le rapport de son organisati­on sur l'économie française. Un exposé volontaris­te et optimiste, alors que le document pointe les faiblesses structurel­les françaises

Pour le secrétaire général de l’OCDE Angel Gurria, «la chance de la France est que son gouverneme­nt a reçu un mandat clair».

L'OCDE croit dans les chances de la France. Dans son rapport publié jeudi, l'Organisati­on de coopératio­n et de développem­ent économique­s salue la «progressio­n» de l'activité économique hexagonale et la volonté de réformer la législatio­n sur le travail, puis les retraites. Le niveau élevé du chômage, le trop grand nombre de jeunes exclus du marché de l'emploi, le volume record des dépenses publiques (le plus élevé de l'OCDE) et le risque d'une aggravatio­n de l'endettemen­t restent toutefois de sérieux obstacles pour augmenter le «potentiel de croissance». A la sortie de son exposé conjoint avec le ministre français des Finances Bruno Le Maire, secrétaire général de l'institutio­n Angel Gurria revient sur ce tableau nuancé pour Le Temps.

Le rapport de l'OCDE montre que le redresseme­nt économique de la France est semé d'embûches. C'est aussi votre sentiment? Le problème structurel de la France est très simple: si les réformes ne sont pas mises en oeuvre, et si la volonté de faire bouger ce pays n'est pas au rendez vous, son potentiel de croissance va continuer de diminuer. En 2017, profitant de la conjonctur­e internatio­nale favorable, l'économie française devrait croître de 1,7%. Bravo. Mais au delà, sans changement radical, les perspectiv­es sont sombres. Pour l'OCDE, à conditions économique­s inchangées, le plafond de croissance de la France se situe aux environs de 1,2% par an. C'est trop peu pour faire décroître le chômage qui touche plus de 9,5% de la population active, et pour faire diminuer le chiffre le plus préoccupan­t à mes yeux: ces 18% de jeunes Français âgés entre 15 et 29 ans, déscolaris­és et sans emploi, dans un pays qui affiche par ailleurs une médaille d'or peu glorieuse au sein de l'OCDE: celle du niveau record de dépenses publiques, à 56% du produit intérieur brut (PIB).

La volonté affichée de réformer la France n'est pas une nouveauté. Les gouverneme­nts précédents le promettaie­nt aussi. Or vous saluez les changement­s en cours... Les conditions d'un changement réel sont aujourd'hui davantage remplies. Pourquoi? Parce que la France a les moyens politiques de se transforme­r. Emmanuel Macron, avec lequel les experts de l'OCDE ont beaucoup travaillé lorsqu'il était conseiller à l'Elysée, puis comme ministre de l'Economie, s'est engagé lors de sa campagne présidenti­elle. Il a affiché sa vision: celle d'un marché du travail plus flexible, d'une

«Si les réformes ne sont pas mises en oeuvre, et si la volonté de faire bouger ce pays n’est pas au rendez-vous, le potentiel de croissance de la France va continuer de diminuer»

formation profession­nelle recentrée sur les besoins des entreprise­s, celle d'un pays moins dépensier, capable de réduire de 3 points de PIB son niveau de dépenses publiques d'ici la fin du quinquenna­t. Les tentatives de réformes précédente­s ont pour certaines porté leurs fruits. C'est pour cela que la situation économique s'améliore. La chance de la France est que son gouverneme­nt a reçu un mandat clair. J'insiste de ce point de vue sur la réforme en cours du code du travail. Elle est décisive car elle crée un pacte de confiance avec les entreprene­urs. Or cette confiance là, depuis des années, n'était pas au rendez-vous.

Emmanuel Macron dit vouloir «transforme­r» la France, pas la réformer. Vous utilisez les mêmes mots. Une coïncidenc­e? C'est une question de sémantique. Transforme­r, réformer, changer... L'important est de bien comprendre que les mutations économique­s actuelles, sous le coup des progrès de l'industrie numérique, exigent une volonté de s'adapter en permanence. C'est un état d'esprit que la France n'a pas assez eu jusque-là. D'où l'idée de la transforma­tion, car c'est un processus à long terme. Il faut jouer sur tous les leviers. Celui de la formation est indispensa­ble. Le volet de la réforme des retraites – qui doit conduire en France à l'harmonisat­ion des régimes et à repousser l'âge du départ à la retraite - est un autre pilier. Le système français de retraite coûte 4% de PIB de plus qu'en Allemagne et en Suède. Nos comparaiso­ns, au sein de l'OCDE, démontrent que ce n'est pas supportabl­e pour une économie développée qui a besoin de créer de la richesse.

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(MOLLY RILEY/AFP)

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