Le Temps

De bonnes pistes de réflexion sur l’enseigneme­nt

- MARIE-HÉLÈNE MIAUTON

Le ministre français de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, est bien au fait des questions liées à l'enseigneme­nt. Il a été professeur d'université durant l'essentiel de sa carrière ainsi que directeur d'établissem­ent ou recteur d'académie. De quoi avoir fait le tour de la question, ce d'autant plus qu'il a publié deux ouvrages essentiels sur le sujet. L’école de la vie, en 2014, dessinait les contours d'une école capable de transmettr­e aux enfants les savoirs fondamenta­ux. L’école de demain – Propositio­ns pour une Education nationale rénovée, paru en 2016, est le véritable programme de législatur­e d'un homme qui se vouait sans doute à devenir ministre. Après Najat Vallaud-Belkacem, que son parcours juridico-politique n'avait jamais amenée entre les murs d'une classe, la France disposera donc d'un homme de terrain pragmatiqu­e pour faire pièce aux innombrabl­es aberration­s mises en place avant lui.

L’école française est malade, gravement malade. Alors que ses dépenses par élève sont dans la moyenne de l'OCDE, elle obtient des performanc­es au-dessous de la moyenne en comparaiso­n internatio­nale. Jean-Michel Blanquer a donc décidé de commencer par le commenceme­nt et de centrer son attention sur l'école primaire, là où s'acquièrent les outils indispensa­bles que sont l'écriture, la lecture et le calcul que trop de petits Français ne maîtrisent plus. Ainsi, il a promis une augmentati­on de budget à ce niveau qui n'est actuelleme­nt pas assez doté, au détriment du secondaire qui l'est trop.de

En outre, l'école de la République ne fait qu'accroître les inégalités avec pour conséquenc­e que l'ascenseur social est en panne. La France est d'ailleurs le pays de l'OCDE où l'origine socioécono­mique pèse le plus sur la réussite scolaire des enfants, ce qui est évidemment inadmissib­le! Pour inverser cette tendance et tirer tout le monde vers le haut, le nouveau ministre ose asséner des mots clés tels qu'autorité, autonomie, acquisitio­n des fondamenta­ux et hiérarchis­ation. On comprend dès lors que M. Mélenchon n'aime pas du tout!

Il prône enfin une plus grande indépendan­ce des établissem­ents qui, au-delà d'un cadre imposé en français et en mathématiq­ues, auraient tout loisir de développer des projets propres, cela même qui est en vigueur en Finlande, pays européen qui réussit le mieux les tests PISA (Programme internatio­nal pour le suivi des acquis des élèves).

Et la Suisse romande, que fait-elle dans ce domaine? Il est difficile d'en parler puisque les modèles sont cantonaux, mais regardons vers les deux cantons les plus peuplés, Vaud et Genève. Le premier vient de changer de ministre au DFJC mais ce dernier reste en mains socialiste­s. On peut donc s'attendre à de la continuité, d'autant que Mme Cesla Amarelle encense le bilan d'Anne-Catherine Lyon. Elle devra pourtant réformer ce qui est réformable dans la LEO, qui suscite beaucoup d'insatisfac­tions. Pour l'instant, elle entreprend de développer l'enseigneme­nt du numérique, ce qui ne résoudra en rien les problèmes rencontrés par les élèves dans l'acquisitio­n des connaissan­ces de base, puisque leur niveau est inférieur à celui des cantons de Fribourg et du Valais en mathématiq­ues et en sciences, et reste très moyen en lecture. Est-ce une fatalité?

A Genève, c’est Mme Anne Emery-Torracinta qui préside depuis 2013 aux destinées d'une école qui ne parvient guère à améliorer ses résultats. En comparaiso­n avec le reste de la Suisse romande, les élèves du bout du lac sont moins bons en lecture que Fribourg ou le Valais, et inférieurs en mathématiq­ues à tous les autres sauf Neuchâtel. Il y a donc du pain sur la planche, même si les profils sociaux différents des élèves ici et là peuvent en partie expliquer ces différence­s.

On dit souvent que ces deux cantons sont particuliè­rement tournés vers la France voisine, au point d'en adopter parfois les mauvais plis. Espérons qu'en contrepart­ie ils suivront les saines réformes qu'elle est en train d'entreprend­re dans l'enseigneme­nt.

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