Zenith présente sa «révolution» horlogère
Jean-Claude Biver a dévoilé jeudi «l’échappement Sémon», soit une nouvelle manière de faire battre le coeur des montres mécaniques. Il entend donner à ce mécanisme une dimension industrielle
Pas moins de 300 invités venus du monde entier ont fait connaissance, jeudi, avec la froide pluie du Locle (NE). Réunis par la marque horlogère Zenith dans une gigantesque tente, montée pour l’occasion sur le parking de la manufacture, ils ont assisté à l’une des présentations dont Jean-Claude Biver a le secret. Toujours généreux en superlatifs, le président du pôle horloger de LVMH a d’emblée annoncé la couleur: «Je suis dans ce business depuis plus de quarante ans mais je n’ai jamais fait de première mondiale aussi révolutionnaire que celle-ci!»
Zenith a dévoilé jeudi un nouvel oscillateur présenté comme «une innovation majeure dans l’horlogerie depuis l’invention du principe balancier-spiral en 1675 par Christiaan Huygens». Et si les observateurs ont depuis longtemps appris à se méfier de pareilles annonces provenant des marques horlogères, il se pourrait bien que celle-ci soit à prendre avec davantage de sérieux.
Une pièce qui en remplace trente
La marque locloise – aujourd’hui en pleine renaissance avec l’entrée en fonction en mai dernier du nouveau directeur général Julien Tornare – a présenté rien de moins qu’une nouvelle manière de faire fonctionner les montres mécaniques. En bref, la trentaine de pièces composant traditionnellement l’organe réglant du calibre (le balancier, le spiral et l’ancre, soit le «coeur» de la montre) est ici remplacée par une pièce unique extrêmement flexible dont les propriétés physiques lui permettent de «vibrer» pour donner le tempo au reste du mécanisme.
Selon Zenith, les garde-temps équipés de cet «échappement Sémon» – de Guy Sémon, responsable de la recherche et développement chez LVMH et architecte de cette nouvelle façon de mesurer le temps – deviennent les montres mécaniques les plus précises du monde. Elles ne perdent ou ne gagnent qu’une seconde par jour, là où le Contrôle officiel suisse des chronographes tolère une marge de -4 à +6 secondes par jour.
Outre sa précision, cette pièce devrait simplifier la vie des horlogers. Une pièce qui en remplace 30 autres, cela signifie que l’assemblage du mouvement est simplifié et raccourci, que ce dernier n’a plus besoin d’être lubrifié, que les pièces ne s’usent plus… «Et il ne faut pas seulement regarder les dix montres que nous sortons aujourd’hui, a martelé Jean-Claude Biver. Il faut considérer la dimension industrielle de ce nouveau mécanisme. Nous voulons faire du volume!»
A terme, ce dernier veut en effet vendre «l’échappement Sémon» à d’autres marques horlogères. Et s’il arrive à séduire ses concurrents, il n’y aura cette fois plus de doute: JeanClaude Biver aura bel et bien réussi une petite révolution horlogère.