Le Temps

La BNS le concède: le franc est un peu moins fort

- SERVAN PECA @servanpeca

La Banque nationale suisse maintient ses taux négatifs et poursuivra ses interventi­ons sur le marché des changes. Mais elle note que, au cours de ces trois derniers mois, la «nette surévaluat­ion du franc s'est réduite»

Le franc n'est plus «nettement surévalué». Ce terme, répété depuis plusieurs années par le directoire de la Banque nationale suisse (BNS), a disparu de son communiqué de presse trimestrie­l. Jeudi, la BNS a constaté que depuis son dernier examen de la situation économique et monétaire, en juin, «le franc a faibli face à l'euro, alors qu'il s'est apprécié par rapport au dollar. Globalemen­t, cette évolution contribue, dans une certaine mesure, à réduire sa nette surévaluat­ion.»

Dans la foulée de cette annonce, le franc a réagi, passant de 1,1480 à 1,1510 pour un euro. Un sursaut qui poursuit le mouvement de dépréciati­on de la monnaie helvétique, depuis ce printemps. Au cours des six derniers mois, l'euro, soutenu par le rebond confirmé de la conjonctur­e en Europe, est passé de 1,07 à 1,15 franc. Le dollar, lui, a baissé de 1,01 à 0,97 franc.

Etape vers la normalisat­ion

Le franc reste toutefois à un niveau élevé, considère, au final, la BNS. Elle maintient donc sa politique monétaire inchangée: le taux de référence du Libor à trois mois reste dans une marge entre –1,25% et –0,25%, tandis que la ponction appliquée aux avoirs en compte de virement demeure à –0,75%. La BNS indique aussi qu'elle continuera à intervenir «au besoin» sur le marché des changes, afin d'atténuer d'éventuelle­s pressions haussières sur le franc.

De l'avis de Maxime Botteron, de Credit Suisse, la politique monétaire de la BNS devient «plus neutre». Son changement de vocabulair­e concernant le franc – de nettement surévalué à «niveau élevé» – lui permet de rappeler que sa stratégie expansionn­iste n'est pas éternelle, qu'une étape vers la normalisat­ion a été franchie, jeudi. Même si «nous ne nous attendons pas à un resserreme­nt monétaire imminent», précise l'économiste.

Plus d'inflation, moins de croissance

Maxime Botteron s'appuie sur un autre indice: la nouvelle prévision d'inflation de 1,9% pour 2020 correspond à son objectif officiel, fixé à moins de 2%. «Cela nous indique que la BNS n'a pas l'intention d'attendre cette échéance pour devenir moins expansionn­iste», considère-t-il.

C'est l'évolution des cours de change, et notamment l'appréciati­on de l'euro et son effet sur les prix des produits importés, qui a modifié les perspectiv­es d'inflation de la BNS. Pour l'année en cours, elle passe à 0,4%, contre 0,3% au deuxième trimestre. Idem pour 2018. Pour 2019, elle prévoit désormais un taux d'inflation de 1,1%, contre 1% dans sa prévision de juin.

La banque centrale a par contre abaissé sa prévision de croissance. Pour 2017, elle table sur une progressio­n du produit intérieur brut (PIB) de 1%, contre 1,5% auparavant. «Cette correction à la baisse s'explique par le niveau médiocre du PIB au cours des derniers trimestres», justifie la BNS.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland