L’après-24 septembre n’inquiète pas les opposants
Géraldine Savary craint les conséquences d’un refus de la réforme PV2020. Léonore Porchet rappelle que rien ne se fera sans le peuple
Madame Porchet, qu’est-ce que vous proposez pour réformer le système de la prévoyance vieillesse?
L.P.: Un militant de gauche ne peut soutenir ni une hausse de la TVA, qui est une taxe antisociale, ni une hausse de l’âge de la retraite. Nous ne pouvons pas soutenir davantage la baisse du taux de conversion avec des mesures de compensation qui passent par l’augmentation des cotisations. Quand on connaît l’instabilité des marchés financiers, j’estime qu’on fait fausse route en continuant à miser sur le 2e pilier et qu’il faut au contraire continuer à se battre pour un renforcement clair du 1er pilier. Les prévisions alarmistes le concernant ont toujours été démenties par la réalité. Et il n’est pas interdit d’imaginer d’autres sources de financement. De plus, l’égalité salariale ramènerait plus de 600 millions de francs dans les caisses de l’AVS si elle était respectée.
G.S.: Permettez-moi de vous rappeler la réalité politique! La population a rejeté l’initiative AVSplus en 2016. La réforme soumise au peuple prévoit néanmoins un renforcement du 1er pilier, avec l’augmentation de 70 francs des rentes mensuelles AVS pour les personnes seules. Ce montant peut paraître modeste, mais il a donné lieu à des débats intenses. Il était impossible d’aller au-delà. La preuve: la réforme a été adoptée par le parlement à une voix près. Et ne perdons pas de vue non plus que les vrais adversaires du projet, on les trouve à droite. PLR et UDC ne veulent absolument pas d’un quelconque renforcement de l’AVS. Alors si la réforme est refusée le 24 septembre, vous pouvez être certaine que ces 70 francs seront perdus à jamais. Et quelle sera alors la solution? Malheureusement pour vous, madame Porchet, je suis prête à parier toute ma bibliothèque que la réforme n’ira pas du tout dans le sens que vous souhaitez. Car jusqu’à preuve du contraire, l’extrême gauche n’est pas majoritaire au parlement. Si c’est non le 24 septembre, ce sera une victoire de la droite, qui pourra imposer son programme, à savoir la retraite à 67 ans, la baisse du taux de conversion et pas de contrepartie.
Madame Porchet, n’avez-vous pas conscience que vous avez beaucoup à perdre dans un refus de la réforme?
L.P.: Je l’admets: il y a quelques avancées dans ce projet. Mais ce n’est de loin pas la réforme que la gauche peut souhaiter. Je comprends d’ailleurs difficilement que le PS s’engage autant dans la campagne. On se bat pour l’égalité entre hommes et femmes, pour une meilleure répartition des richesses. Et cette réforme va à l’encontre de ce combat. PROPOS ▅ RECUEILLIS PAR M. GO.