Le Temps

L’extraditio­n d’une militante basque annulée

- ANTOINE HARARI @AntoineHar­ari

Nekane Txapartegi, accusée de collaborat­ion avec l’ETA et arrêtée en Suisse, devrait sortir de prison prochainem­ent, en raison de la prescripti­on de la peine pour laquelle elle était recherchée

Du côté des partisans de Nekane Txapartegi, on peine encore à y croire. La nouvelle est tombée vendredi matin. Alors que l’associatio­n Humanright­s.ch condamnait encore la semaine dernière la décision de la Suisse d’extrader la militante basque vers l’Espagne et que ses opposants s’apprêtaien­t à organiser dix jours de manifestat­ions à Zurich, cette affaire a subi un nouveau rebondisse­ment jeudi soir.

Les avocats de Nekane Txapartegi ont en effet demandé la mise en liberté immédiate de leur cliente. Motif: le retrait de la demande d’extraditio­n du Ministère public espagnol pour cause de prescripti­on de la peine.

Pour mieux comprendre cet imbroglio juridique, il faut revenir en arrière. A la suite d’une première demande de la défense de Nekane Txapartegi en février dernier, le tribunal espagnol décide de réduire la peine de la Basque à trois ans et demi. Or, une peine de trois ans est prescrite au bout de cinq ans. Il reste alors à déterminer s’il faut compter dès la première condamnati­on en 2009 ou bien à partir de la révision de la peine en 2017.

Faisant valoir l’idée que la première hypothèse est la bonne, dans un dernier coup de poker, les avocats de la défense écrivent au Ministère de la justice début septembre. A partir de ce moment-là, les choses s’accélèrent. Contre toute attente, en une seule semaine, le Ministère public espagnol se prononce en faveur de la prescripti­on. Il est suivi le lendemain par le tribunal espagnol. Dans la foulée, ce dernier déclare sans objet la demande d’extraditio­n. Sévèrement gêné aux entournure­s par les remous politiques que provoquait ce cas, l’Office fédéral de la justice suisse a-t-il demandé aux Espagnols de laisser tomber l’affaire? Une chose est sûre, ce cas de figure permet aux Espagnols et aux Suisses d’éviter qu’une juridictio­n internatio­nale ne tranche sur les allégation­s de torture de Nekane Txapartegi.

Torture

Pour rappel, un recours était encore pendant au Tribunal fédéral et le rapporteur contre la torture auprès des Nations unies, Nils Melzer, s’était personnell­ement prononcé en faveur d’un refus de l’extraditio­n. Une décision qui aurait pu faire jurisprude­nce contre l’Espagne et empoisonne­r les relations entre les deux pays. Interrogé, le porte-parole de l’Office fédéral de la justice, Folco Galli, refuse de commenter l’hypothèse d’éventuelle­s pressions sur les Espagnols. «Nous sommes régulièrem­ent en contact avec nos homologues espagnols», se bornet-il à déclarer. Le fonctionna­ire fédéral ajoute: «Il n’y a pas de raisons de maintenir quelqu’un en prison si la demande d’extraditio­n a été retirée. Suite à la décision du tribunal espagnol compétent du 14 septembre 2017, selon laquelle la peine est prescrite, la demande est devenue sans objet. Par conséquent, l’OFJ a ordonné immédiatem­ent la mise en liberté de la personne.»

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