Donald Trump débarque à l’ONU pour la réformer
Le projet de réforme du président américain coïncide avec celui du secrétaire général de l’organisation. L’un et l’autre ont pour but de combattre certaines lourdeurs administratives
Donald Trump a fait lundi ses premiers pas à l’ONU, entraînant dans son sillage un fort vent de réforme. Avant les discussions sur la Corée du Nord, la Syrie ou encore le réchauffement climatique, qui seront dès ce mardi au coeur des préoccupations de l’Assemblée générale annuelle de l’ONU, le président américain a évoqué ses envies de réformer la machine onusienne en dix points. Près de 130 pays appuient sa déclaration politique, non contraignante. La Suisse en fait partie. La présidente de la Confédération Doris Leuthard et le ministre des Affaires étrangères Didier Burkhalter sont sur place.
La France a hésité jusqu’au dernier moment avant de se rallier à cette déclaration, peu satisfaite par la manière de faire du président, Paris n’ayant pas été associé au processus. La Suisse n’a pas exprimé de telles réticences. «La Suisse s’engage depuis son adhésion à l’ONU il y a quinze ans à rendre l’organisation plus efficace et performante. Nous soutenons du coup les efforts du secrétaire général en ce sens», précise Simone Eymann, porte-parole de la Mission suisse à New York. «La Suisse a cosigné l’initiative américaine, pour exprimer son soutien au secrétaire général pour ses réformes. Le fait que plus de 100 pays l’ont signée démontre qu’elle suscite de l’intérêt de la part de tous les groupes régionaux, ce qui est un signe positif.»
La faute à la bureaucratie
L’objectif de Donald Trump, loin d’être un chantre du multilatéralisme, est de lutter contre certaines lourdeurs administratives coûteuses. «Au cours des dernières années, les Nations unies n’ont pas atteint leur plein potentiel à cause de la bureaucratie et d’une mauvaise gestion, a-t-il souligné lors de son bref discours introductif. «L’ONU doit se concentrer davantage sur les gens et moins sur la bureaucratie.» Sa vision de l’ONU est celle d’un «club où les gens se rassemblent, bavardent et passent un bon moment ensemble». C’est du moins ce qu’il assurait encore en janvier. Mais lundi, il a laissé ses diatribes anti-ONU de côté et opté pour un ton plus neutre.
Les Etats-Unis sont le premier contributeur financier de l’ONU: ils assurent près de 28,5% du budget de 7,3 milliards de dollars pour les opérations de paix, et 22% des 5,4 milliards pour ses crédits de fonctionnement. Au total, la part américaine représente 22% du budget général de l’ONU, en contributions obligatoires et volontaires. Le président américain ne cache pas sa volonté de réduire cet engagement financier, mais sa déclaration ne comporte pas de chiffre.
L’initiative américaine vient se mêler aux plans du secrétaire général de l’ONU qui cherche lui aussi à redynamiser le fonctionnement de l’organisation. Peu enclin à se lancer dans un combat de coqs, Antonio Guterres veillera à ce que Donald Trump ne cherche pas à tirer la couverture à lui. En même temps, il est bien conscient d’avoir tout intérêt
Sa vision de l’ONU est celle d’un «club où les gens se rassemblent, bavardent et passent un bon moment ensemble»
à se lancer dans une sorte d’opération séduction vis-à-vis du président américain et de son ambassadrice: si l’ONU parvient à se réformer et à faire des économies, les Etats-Unis renonceront à des coupes qui pourraient faire mal. Un des points envisagés par le secrétaire général est de réduire de 15% les dépenses liées au parc aérien de l’organisation pour la période 2017-2018.
Une initiative encore floue
Lundi, Antonio Guterres était tout souriant, aux côtés de Donald Trump et de l’ambassadrice américaine Nikki Haley, pour évoquer ses projets. Mais l’initiative des Etats-Unis reste encore très vague. Elle a déjà été remaniée plusieurs fois pour mieux épouser la vision du secrétaire général. Il reste de grands absents pour la soutenir, comme la Chine, le Brésil ou l’Afrique du Sud.
«Quelqu’un m’a demandé l’autre jour ce qui me tenait éveillé la nuit. J’ai répondu: la bureaucratie», a lancé le secrétaire général au moment de prendre la parole. C’est là un point où il est certain de se trouver sur la même longueur d’onde que le président américain.
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