La santé passe à l’ère du Big Data
La révolution du Big Data [analyse de données] transforme en profondeur de nombreux secteurs, à l’image de la santé. Dans ce domaine, les données disponibles devraient être multipliées par 50 d’ici à 2020, représentant un potentiel d’innovation sans précédent: identification de facteurs de risque de maladie, aide au diagnostic, au choix et au suivi de l’efficacité des traitements, pharmacovigilance, épidémiologie… Avec des données encore relativement mal organisées ou parcellaires, la marge de progression est considérable, ouvrant la voie à de nouvelles opportunités. Grâce au Big Data, une médecine dite «des 4 P» (prédictive, préventive, personnalisée et participative) peut aujourd’hui émerger.
Le secteur de la santé recouvre une diversité de domaines d’activité (centres hospitaliers, recherche médicale, diagnostic, etc.). Les segments du diagnostic et de la prescription offrent des perspectives particulièrement prometteuses, reposant sur l’amélioration de l’efficacité des traitements et la réalisation d’économies considérables pour les systèmes de santé.
Des acteurs de toutes tailles et de tous horizons font preuve d’une forte capacité d’innovation pour se tailler la part du lion. Lors de sa «keynote» du 12 septembre, Apple a présenté l’Apple Watch Series 3. Cette nouvelle version de la montre connectée du groupe de Cupertino (Californie) propose des fonctions santé avancées, pour permettre à l’utilisateur de surveiller son état général. Elle mesure par exemple la fréquence cardiaque et envoie une alerte si le pouls est trop élevé par rapport à la normale. La marque à la pomme a également annoncé un partenariat avec l’Université Stanford afin de conduire une vaste étude portant sur la qualité du monitoring du rythme cardiaque de son Apple Watch.
Google, leader incontesté du Big Data, joue un rôle important au sein du secteur de la santé. Alphabet, la maison mère du géant californien, déploie des efforts d’investissement importants à travers plusieurs filiales. Ainsi, Verily développe depuis 2014, en collaboration avec Novartis, un projet de lentilles de contact connectées permettant de mesurer le taux de glucose dans les larmes. La filiale travaille également à l’élaboration d’algorithmes destinés à comprendre certaines maladies et de traitements par impulsions électriques. Par ailleurs, elle a noué un partenariat avec Johnson & Johnson dans le domaine de la robotique chirurgicale.
Roche a également pris le train en marche. Le laboratoire pharmaceutique bâlois a lancé en 2015 le projet Epidemium, destiné à mieux comprendre le cancer. Il repose sur l’open science et permet à un large public (statisticiens, mathématiciens, biologistes, médecins, etc.) de travailler sur un très grand nombre de données. Epidemium marie Big Data et cancérologie pour améliorer la prévention et la guérison.
IBM, grâce à son programme d’intelligence artificielle Watson, a pour sa part réussi en 2016 à compléter le diagnostic «humain» d’un patient atteint de cancer et à proposer un traitement plus adéquat. Quant à Illumina, une société de biotechnologie américaine spécialisée dans le séquençage du génome humain, elle a pour objectif de proposer des traitements médicaux personnalisés.
Classée entreprise la plus «intelligente» du monde en 2014 par le Massachusetts Institute of Technology, elle offre également des solutions de plateformes bio-informatiques permettant d’analyser les informations des génomes humains.
La santé est l’un des secteurs où le Big Data génère le plus d’attentes et répond au plus grand nombre d’enjeux avec une accélération annoncée et amorcée au fur et à mesure que les réglementations permettent l’expérimentation, que les acteurs s’approprient le Big Data et acceptent de partager les données. Le Big Data en santé répond à des enjeux économiques, il y va de la survie des systèmes de santé. Il est aussi porteur d’un fantastique espoir pour les malades et les malades potentiels que nous sommes notamment en cancérologie, où le Big Data révolutionne la recherche génétique. Au-delà des données elles-mêmes, ce sont les résultats qui importent. Le machine learning et l’intelligence artificielle sont indissociables du Big Data, pour des décisions individuelles et collectives éclairées.
Toutes les entreprises du secteur ont pleinement conscience du virage à prendre. Assureurs, industriels du médicament, Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), chercheurs, tous développent des stratégies et nouent des alliances pour aller plus vite et plus loin. Secteurs public et privé doivent collaborer. Les directions de l’innovation sont de plus en plus fréquentes au sein des entreprises de santé et l’absorption, le soutien aux start-up qui collectent et traitent les données, marque le signe d’une forte dynamique. Ces efforts doivent se concrétiser.
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Les segments du diagnostic et de la prescription offrent des perspectives particulièrement prometteuses