Ignazio et ses 2279 notifications
Ceux qui nous dirigent utilisent-ils les bons outils pour travailler? Il semblerait que tous les conseillers fédéraux aient désormais un smartphone, ce qui n’est pas le cas d’autres ministres dans de nombreux pays. Certains membres du gouvernement sont même des fans de technologie: Doris «électrique» Leuthard utilise toujours sa Tesla pour ses déplacements officiels, et Alain Berset s’essaie à Instagram avec un certain bonheur depuis quelques mois.
Cette semaine, c’est évidemment Ignazio Cassis, le tout nouvel élu, qui nous intéresse. Le 117e conseiller fédéral a twitté jeudi – lendemain de son élection – une capture d’écran de son iPhone qui révèle pas mal de choses. Elle montre les centaines de messages qui lui sont parvenus suite à son accession à la plus haute marche via e-mails, SMS, Messenger et WhatsApp. Signe révélateur de l’époque – ou, mais on en doute, d’une plus grande rapidité du nouvel élu à répondre au téléphone qu’à taper un message –, l’écran ne montre qu’un seul appel en absence.
En voyant la boîte de réception de LinkedIn (qui n’affichait pas sa nouvelle fonction vendredi en début d’après-midi) bien pleine mais pas autant que d’autres canaux, on sent qu’il y a une bonne répartition entre les messages professionnels et ceux plus personnels chez le Tessinois. Signe d’un bon équilibre de vie même si, désormais, tout est lié.
Cette capture d’écran donne par ailleurs l’image d’un homme ancré dans les choses simples: la maison, les réglages, la calculatrice (bientôt la hausse des prix des caisses maladie?), deux systèmes de cartes (histoire de ne pas perdre le sens de l’italianità, sûrement) et tout ce qu’il faut pour faire de la politique. A savoir l’application Contacts, bien mise en avant (c’est carrément la première), mais aussi Note et les réseaux sociaux Facebook et Twitter.
On sent la Suisse dans cet appareil: une horloge, les horaires CFF et la météo figurent en bonne place car le Tessin, et son soleil éternel, c’est fini pour celui qui s’apprête à voyager aux quatre coins du monde pour le compte de la Confédération. La pointe de modernité vient d’Uber: un truc typiquement libéral – l’app est par exemple interdite chez les élus PS. Et puis il y a cette mystérieuse notification sur l’app Photos: les membres du gouvernement partageraient-ils entre eux et en secret leurs meilleurs clichés?
Evidemment, désormais intronisé, Ignazio Cassis ne nous laissera plus plonger ainsi dans sa vie numérique. Ne reste plus qu’à espérer que la Suisse digitale reste à son agenda.
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