Le Temps

Ignazio Cassis en boussole de la diplomatie

CONSEIL FÉDÉRAL Le Tessinois reprendra, le 1er novembre, le Départemen­t fédéral des affaires étrangères. Sa ligne reste à découvrir sur plusieurs points

- LISE BAILAT, BERNE @LiseBailat

Le Conseil fédéral n'a pas eu le goût du spectacle vendredi. Sans surprise, il confie les rênes de la diplomatie suisse au nouvel élu. Ignazio Cassis recevra les clés du Départemen­t fédéral des affaires étrangères (DFAE) des mains de Didier Burkhalter le 1er novembre prochain. Les autres ministres conservent leur portefeuil­le.

A l'issue de la séance de répartitio­n des départemen­ts, un seul conseiller fédéral a éprouvé le besoin de se justifier. Sur Twitter et en allemand, le socialiste Alain Berset – dont l'envie de reprendre un jour le DFAE n'est pas un mystère – a indiqué qu'il se réjouissai­t de continuer à diriger le Départemen­t fédéral de l'intérieur. «Il s'agit des besoins essentiels des gens: une bonne prévoyance vieillesse, des services de santé de qualité de même que la diversité culturelle», a-t-il écrit. Le moment d'une rocade n'était sans doute pas opportun pour lui, à quelques heures de l'issue de la votation sur la réforme de la prévoyance vieillesse.

Ignazio Cassis se laisse le délai traditionn­el de cent jours pour prendre en main les dossiers de son départemen­t. Sa ligne reste à découvrir sur plusieurs points.

Liens avec l’Italie

Très actif dans le domaine de la santé et de la défense du plurilingu­isme, l'ancien médecin Ignazio Cassis est en effet resté plus discret sur la politique extérieure de la Suisse durant sa carrière de parlementa­ire fédéral. En tant que représenta­nt du Tessin, il s'est surtout illustré par différente­s interventi­ons portant sur l'améliorati­on des liens avec l'Italie. Il en faisait même un argument de campagne le 11 juillet dernier en déclarant qu'«un conseiller fédéral italophone peut faire la différence dans les importante­s relations économique­s, sociales et culturelle­s de la Suisse avec l'Italie». S'inscrira-t-il en défenseur de son canton d'origine ou prendra-t-il de la distance dans ses bureaux bernois?

En matière de politique européenne, la position d'Ignazio Cassis est connue. Le Tessinois juge nécessaire de consolider et de développer les relations bilatérale­s avec l'UE. Mais il souhaite faire prendre un «nouveau départ» aux négociatio­ns institutio­nnelles entre Berne et Bruxelles. Selon lui, le vocabulair­e utilisé jusqu'à présent est empoisonné.

En matière de coopératio­n et d'aide au développem­ent, la gauche espère qu'il se montrera aussi solide que Didier Burkhalter au moment de défendre les budgets au Parlement. La Fondation Fairmed, qui promeut la santé

Selon lui, le vocabulair­e utilisé jusqu’à présent dans les négociatio­ns entre Berne et Bruxelles est empoisonné

pour les plus démunis, n'en doute pas. Ignazio Cassis était membre de son conseil. Fairmed n'a pas manqué de diffuser un communiqué soulignant que le nouvel élu était engagé depuis trois ans dans des projets de coopératio­n en Afrique, photos du nouveau ministre en voyage au Cameroun à l'appui. Mais face aux pressions très fortes de l'UDC ainsi que du PLR sur les budgets alloués à la coopératio­n, la sensibilit­é d'Ignazio Cassis reste à confirmer.

Il reviendra aussi au nouveau ministre de concrétise­r la réforme de la carrière diplomatiq­ue. Un monde à apprivoise­r visiblemen­t pour celui qui avait affirmé avoir rendu son passeport italien par analogie avec l'obligation faite aux diplomates, ce qui s'était révélé faux, l'obligation ayant été levée.

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