Genève plonge dans les méandres de l’intelligence artificielle
INNOVATION Le premier symposium transdisciplinaire visant à cartographier les enjeux liés au cerveau électronique s’est tenu ce vendredi au Campus Biotech
Une révolution technologique est en marche: l’intelligence artificielle. Mais les avis divergent quant à ses promesses. L’AI Geneva Summit (AIGS), qui s’est déroulé vendredi sur le site du Campus Biotech, a tenté de dresser l’inventaire de ce que d’aucuns considèrent comme une boîte de Pandore et dont le contenu est surtout connu pour ses capacités à humilier des candidats au Jeopardy! ou à écraser le champion du monde du jeu de go.
Cette première édition de l’AIGS a réuni un public nombreux, parmi lequel des chercheurs en neurosciences, des experts légaux, des spécialistes en cybersécurité et des fondateurs de start-up. Ainsi qu’Alain Bensoussan, avocat parisien et futurologue du cadre légal, qui plaide pour la non-discrimination des robots. «La question n’est pas de vivre avec les machines intelligentes, mais comment survivre en leur compagnie. L’enjeu est de l’ordre de la mixité», a-t-il lancé.
A écouter le fondateur d’un cabinet d’avocats technologues centrés sur le droit des technologies avancées, les robots doivent obtenir le statut de personnalités juridiques à part entière, susceptibles de gagner ou perdre un procès. «Il faut considérer les robots comme une nouvelle espèce artificielle, ni homme ni femme, mais à laquelle nous devons attribuer une enveloppe de droits et de devoirs», estime Alain Bensoussan.
L’humanité, bientôt échec et mat?
L’avocat parisien milite pour taxer les machines, afin d’amortir les effets de leur déploiement en termes emploi et, par ricochet, de financement des retraites. Il croit aussi en la fusion entre espèces. C’est-à-dire l’avènement du robot humanisé ou de l’homme augmenté.
Rien de tel dans le discours de Serge Tisseron, docteur en psychologie et psychiatre. «L’humain n’est pas préparé à interagir avec les robots, lesquels font par ailleurs l’objet de trop nombreux fantasmes de science-fiction», prévient-il. Et le chercheur à l’Université Paris VII de mettre en garde contre le risque de «robot dépendance»: «A terme, certains pourraient être tentés de préférer la relation avec un robot prévisible plutôt qu’avec leurs congénères imprévisibles.»
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