Le Temps

Un premier accord de réconcilia­tion signé entre le Hamas et le Fatah

- SERGE DUMONT, TEL-AVIV @SergeDumon­t

Le mouvement islamiste et son rival se sont entendus jeudi au Caire pour tenter de mettre fin à une décennie de déchiremen­ts. Mais des dissension­s subsistent

Dans la foulée de leur annonce surprise de réconcilia­tion du 3 octobre dernier, le Fatah au pouvoir à Ramallah, en Cisjordani­e, et le Hamas de Gaza ont conclu jeudi un premier accord. Concrèteme­nt, les deux ex-frères ennemis s’engagent à constituer un gouverneme­nt d’union nationale qui étendra ses compétence­s à la Cisjordani­e et à la bande de Gaza à partir du 1er décembre. D’ici là, trois mille policiers de l’Autorité palestinie­nne (AP) venus de Cisjordani­e seront déployés dans l’enclave gazaouie afin d’y assurer l’ordre avec les «forces de sécurité du Hamas» et de surveiller les points de passage avec Israël ainsi que celui de Rafah avec l’Egypte.

Il s’agit d’un pas important. Une avancée qui pourrait être accompagné­e par des observateu­rs de l’Union européenne, si l’on en croit les rumeurs qui circulaien­t jeudi dans l’entourage de Mahmoud Abbas. Avant la fin de l’année, le président palestinie­n, qui a salué jeudi «l’accord mettant fin aux divisions», se rendra en tout cas en visite à Gaza après y avoir été persona non grata pendant dix ans.

De nombreux points à régler

Tant en Israël que dans les territoire­s palestinie­ns et dans les pays arabes voisins, les observateu­rs ont été surpris de la vitesse avec laquelle le Fatah et le Hamas concrétise­nt leur réconcilia­tion

Certains Gazaouis se prennent à rêver d’une réouvertur­e d’Erez, le principal point de passage avec Israël

entamée il y a dix jours. Cependant, de nombreuses questions délicates et susceptibl­es d’entraîner la rupture des pourparler­s n’ont pas encore été réglées. Ce qui explique pourquoi les négociateu­rs du Fatah et du Hamas se retrouvero­nt chez leurs chaperons égyptiens début décembre.

Parmi les points délicats toujours en suspens: le démantèlem­ent des stocks d’armes du Hamas, la prise de contrôle par l’AP du réseau de tunnels creusés par l’organisati­on islamiste, ainsi que le sort de des 75000 fonctionna­ires – parmi lesquels 25000 membres des services de sécurité – nommés par le Hamas de Gaza dans la foulée de son putsch de juin 2007.

Elan d’espoir à Gaza

Selon nos informatio­ns, le chef des services de renseignem­ent égyptiens, qui chapeaute les négociatio­ns interpales­tiniennes, s’est en tout cas rendu début octobre dans la bande de Gaza pour discuter du démantèlem­ent de l’arsenal du Hamas. Ou, du moins, de la mise en place d’un mécanisme de contrôle, car le président de l’AP prochainem­ent réunifiée s’oppose au fait que l’organisati­on islamiste puisse jouir d’une autonomie opérationn­elle semblable à celle dont dispose le Hezbollah au Liban. «Avec moi, cela ne se fera pas. L’AP n’utilisera qu’une seule arme, celle qu’il contrôle», a-t-il déclaré à la télévision égyptienne.

A en croire les médias palestinie­ns, l’annonce de la réconcilia­tion entre le Fatah et le Hamas ne suscite pas d’émotion particuliè­re en Cisjordani­e. A contrario, elle éveille d’énormes d’espoirs parmi les deux millions de Gazaouis. Parce que l’AP prendra de nouveau en charge le coût de leur consommati­on en eau et en électricit­é ainsi que de nombreuses autres dépenses, et que leur niveau de vie devrait progressiv­ement s’améliorer.

Certains Gazaouis se prennent aussi à rêver d’une réouvertur­e d’Erez, le principal point de passage avec Israël, ce qui leur permettrai­t de nouveau d’aller travailler dans l’Etat hébreu et de ramener un salaire décent à la maison. Mais ce n’est pas à l’ordre du jour. Certes, en raison de la fête juive de Simhat Torah, les dirigeants de l’Etat hébreu se sont abstenus de tout commentair­e, mais au début du mois, le ministre de la Défense Avigdor Lieberman avait confirmé que le blocus israélien resterait en applicatio­n «quoi qu’il arrive».

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