Le Temps

Washington prend en otage la Banque mondiale

- RAM ETWAREEA @ram52

Lors de sa réunion annuelle cette semaine, la banque de développem­ent avait programmé une augmentati­on de capital. De nombreux pays, dont la Suisse, y sont favorables. Mais pour Washington, la banque est trop généreuse envers Pékin

L’Unesco n’est pas la seule institutio­n qui est prise à partie par l’administra­tion Trump. La Banque mondiale, l’une des principale­s sources de financemen­t pour le développem­ent, fait aussi l’objet de vives critiques. Première conséquenc­e: l’objectif d’obtenir une augmentati­on de capital de la banque lors de sa réunion annuelle qui s’achève ce samedi à Washington est voué d’avance à l’échec.

La Suisse, représenté­e à cette réunion par le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, est favorable à la recapitali­sation. «Nous avons en principe une position positive au sujet de l’augmentati­on du capital, a-t-il déclaré vendredi soir de Washington. Elle doit être raisonnabl­e et bien justifiée. De plus, la Suisse attend de la banque qu’elle adapte et améliore sa structure afin de rester innovatric­e et dynamique, mette en oeuvre son examen de contrôle des dépenses, et qu’elle soit plus sélective sur les domaines qu’elle couvre.»

Les Etats-Unis ne s’opposent pas en soi à une recapitali­sation. Ils demandent au préalable de revoir le fonctionne­ment de la banque. Ils font noter que la Chine, non seulement continue à négocier des prêts à des conditions favorables, mais elle en est même le premier bénéficiai­re.

«La réalité est qu’une grande partie de ses ressources va aux Etats qui ont la capacité de lever des fonds sur le marché», a déclaré un membre de l’administra­tion Trump, cité par le Financial Times de vendredi.

Terrain de bataille diplomatiq­ue

Le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, a réfuté l’argument. «Pour moi, les raisons de travailler avec la Chine sont évidentes, a-t-il dit au quotidien britanniqu­e. Non seulement nous l’aidons à se mettre sur la voie du développem­ent, mais nous apprenons aussi beaucoup de notre travail en Chine. Cela constitue une expérience que nous partageons avec d’autres pays.»

De toute évidence, la Banque mondiale constitue un terrain de guerre diplomatiq­ue entre les Etats-Unis et la Chine. Soutenu par d’autres pays, Pékin remet en cause la position dominante des Etats-Unis qui, selon une règle non écrite, impose toujours l’un de ses ressortiss­ants au poste de président. Pour sa part, Washington se méfie de la Chine, qui chercherai­t à marginalis­er l’institutio­n. Celle-ci est effectivem­ent derrière la Banque asiatique d’investisse­ments dans les infrastruc­tures qui veut financer les grands travaux en Asie. Elle est aussi partie prenante de la Nouvelle Banque de développem­ent. Installée à Shanghai, celle-ci veut appuyer les grands projets dans les pays dits BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud.

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