Retour à Providence
Cette année est marquée du sceau de l’écrivain de Providence. Car outre Lovecraft, au coeur du cauchemar, plusieurs traductions sont sorties, ainsi que la réédition augmentée de Cthulhu! (anciennement Les Nombreuses vies de Cthulhu), l’excellente biographie fictive du plus célèbre des extraterrestres à tentacules. Son auteur, Patrick Marcel qui est aussi traducteur, a mené son enquête dans la production littéraire sur la créature, utilisant Lovecraft comme une source, un artifice fréquent qui a en partie contribué à la « mythification » de l’écrivain. Comme l’a fait Alan Moore.
Figure emblématique de la bande dessinée anglo-saxonne, créateur de Watchmen, From Hell et de V pour Vendetta, le grand barbu, Alan Moore, est connu pour ses scénarios à niveaux et son épouvantable caractère. Avec le troisième tome de Providence, il conclut son interprétation de l’univers lovecraftien. Encore une fois, l’homme surprend par sa capacité à s’approprier des concepts et des atmosphères pour les intégrer à ses propres constructions. Le voyage de Robert Black dans la Nouvelle Angleterre de 1909 s’achève donc et son roman sur la face cachée de l’Amérique l’amène à découvrir la réalité derrière les apparences.
Dans cette oeuvre qui donne autant à lire qu’à voir – grâce aux pinceaux très fins du dessinateur Jacen Burrows –, Alan Moore multiplie les références et les strates de lecture, amplifie son propos ésotérique page après page, jusqu’à l’horreur. Il s’agit là peut-être de sa production la plus complexe et sûrement du plus bel hommage contemporain rendu à Howard Phillips Lovecraft.
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