Credit Suisse au coeur d’une bataille de médias
Les deux références mondiales de la presse financière, Bloomberg et le «Financial Times», se sont livré un beau duel sur le sujet du démantèlement potentiel de la banque
La révélation qu’un investisseur voulait scinder Credit Suisse en trois, en début de semaine, a aussi été l’occasion d’un beau duel entre les deux médias financiers les plus influents de la planète. La première salve a été tirée lundi soir par le Financial Times (FT), chez qui les grandes lignes du plan de Rudolf Bohli avaient habilement «fuité». Le quotidien britannique révélait que ce gérant de hedge fund suisse allait faire campagne pour que Credit Suisse sépare ses activités de banque d’investissement, de gestion de fortune et de gestion d’actifs.
L’opération devrait doubler la valeur boursière de l’établissement, à 80 milliards de francs, selon le financier, qui a déjà mené des opérations «activistes» de ce genre contre d’autres entreprises suisses. Des opérations qui ont généré «une performance de 130% en deux ans et demi», précise même une bien intentionnée personne proche du dossier. FT 1: Bloomberg 0.
Mardi matin, l’agence Bloomberg contre-attaque avec un titre catégorique: «Le plus grand actionnaire de Credit Suisse rejette ce plan activiste». Le financier américain David Herro affirme que la stratégie actuelle de Credit Suisse d’économiser des coûts et de se recentrer sur la gestion de fortune fonctionne et qu’elle doit être menée à bien. Détenant 9% du capital de la banque, l’actionnaire glisse au passage que Rudolf Bohli possède moins de 0,3% de Credit Suisse, et donc qu’il n’aura pas voix au chapitre. FT 1: Bloomberg 1.
Un peu plus tard, Bloomberg publie une analyse d’un de ses journalistes titrée «Un fauteur de troubles chez Credit Suisse». FT 1: Bloomberg 2. Retournant l’arme de son adversaire, le FT affirme mercredi matin que le même David Herro n’est finalement pas si opposé au plan de Rudolf Bohli. L’idée de déplacer la banque d’investissement vers un cadre réglementaire moins contraignant devrait être analysée, déclare en substance l’actionnaire au quotidien saumon. FT 2: Bloomberg 2? Pas si sûr. Contacté par Le Temps mercredi soir, David Herro affirme que le FT a sorti ses propos de leur contexte.
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