Autonome ou électrique, le futur pas si lointain de l’aviation
INNOVATION Boeing collabore avec un expert des appareils sans pilote et une start-up qui développe un avion hybride. L’approche de son concurrent Airbus est différente, mais l’autonomie et l’électrique font aussi partie des préoccupations de l’avionneur e
Ces dernières semaines, Renault, General Motors ou Volvo ont annoncé que leur avenir serait électrique. L’aviation ne peut pas encore faire ce type de promesses mais un constructeur comme Boeing a acté lui aussi la révolution en marche. « L’avenir sera fait d’avions hybrides ou d’avions entièrement électriques», a prophétisé Greg Hyslop, son directeur de la technologie, lors d’une téléconférence début octobre. «Nous ne savons pas à quoi ce marché va ressembler mais nous voulons être présents alors qu’il est en train d’émerger.»
Le constructeur centenaire mise notamment sur une start-up de 15 employés, lancée en 2013 dans la région de Seattle. Financée par Boeing HorizonX, l a branche investissement de l’avionneur, et par l a c ompagnie aéri e nne JetBlue, Zunum Aero espère mettre sur le marché un avion hybride dès 2022.
L’appareil, équipé de 12 places, se r a i t ca p a b l e d ’ at te i n d r e 550 km/h avec une autonomie d’au moins 1000 km, idéale pour les vols court-courriers. Le bruit et
les émissions seraient réduits considérablement ( jusqu’à 80%).
Profiter d’aéroports sous-exploités
«Zunum va revigorer le marché régional avec une solution à la fois innovante et réaliste», estime dans un communiqué Logan Jones, l’un des dirigeants de Boeing HorizonX. «Nous la voyons comme un leader dans l’aviation électrique, s’appuyant sur des technologies qui ont fait leurs preuves.»
Le site de la start-up affirme que 97% du trafic aérien se concentre sur environ 140 hubs principaux, laissant 5000 aéroports sous-utilisés. Zunum compte profiter de ce vaste réseau d’infrastructures régionales pour réduire les coûts et les temps de trajet. Les passagers auraient moins à attendre pour passer la sécurité et partiraient ou arriveraient d’aéroports plus proches de chez eux. Au lieu de presque 5 heures aujourd’hui, un vol Boston-Washington dure- rait 2h30. Coût du billet: 120 dollars, soit 33% de moins que son prix actuel, promet Zunum.
Mais pour l’instant, les batteries (Tesla, Panasonic ou autres) ne peuvent pas rivaliser avec la densité d’énergie du kérosène. Zunum prévoit donc un générateur à essence à bord. Le rythme des progrès dans la technologie permet toutefois à la start-up d’envisager de faire voler un avion de 50 places d’ici à 2030.
Filiale à Lucerne
Les ambitions de Boeing ne s’arrêtent pas à Zunum. Le constructeur vient de faire l’acquisition d’Aurora Flight Sciences. Il s’agit cette fois d’avancer dans un autre domaine qui obsède l’automobile: l’autonomie. Aurora a fait voler une trentaine d’appareils sans pilote depuis sa création en 1989. Elle envisage, grâce à l’intelligence artificielle, de faire décoller, voler et atterrir des avions commerciaux sans intervention humaine à bord. Un test réussi a eu lieu en mai dernier. Les équipements du Boeing 797, nouveau modèle attendu pour 2025, pourraient profiter de ce rapprochement.
La firme, qui dispose d’une filiale à Lucerne, a déjà été repérée par Darpa, la branche recherche du Département de la défense. Elle développe un avion hybride pour le Pentagone avec Rolls-Royce et Honeywell. Aurora collabore également avec Uber pour mettre au point des taxis volants d’ici à 2026.
EasyJet en partenariat
Des taxis volants, à la jonction entre automobile et aviation, c’est justement l’ambition d’Airbus. Le grand rival de Boeing doit tester d’ici à la fin de l’année un prototype de Vahana, son appareil à décollage vertical promis pour 2020. Autre projet de voiture volante autonome à motorisation électrique: Pop Up, que le public suisse a pu découvrir au Salon de Genève.
EasyJet espère également contribuer à l’évolution de l’aviation. La compagnie aérienne low cost a annoncé fin septembre un partenariat avec la start-up américaine Wright Electric. Comme Zunum, l’idée est de mettre au point un avion électrique. L’autonomie désirée serait de 530 km, soit un vol de deux heures. Mais comme pour Zunum, cette ambition est pour le moment freinée par la performance des batteries disponibles.
«L’avenir sera fait d’avions hybrides ou d’avions entièrement électriques» GREG HYSLOP, DIRECTEUR
DE LA TECHNOLOGIE DE BOEING