Le Temps

A l’école, les filles réussissen­t mieux que les garçons

- CÉLIA HÉRON @celiaheron

Les chiffres sont frappants. Selon les données de l’Office fédéral de la statistiqu­e analysées par le Tages-Anzeiger, un large écart en matière de niveau scolaire se creuse au fil des ans entre filles et garçons à l’école. L’année dernière, en Suisse, 43,6% des jeunes filles ont obtenu une maturité, contre seulement 33,1% des garçons. Cette tendance, qui est plutôt récente, se retrouve dans tous les cantons. Décryptage.

Les données de l’Office fédéral de la statistiqu­e montrent que la part des filles obtenant leur maturité est plus élevée que celle des garçons, un écart qui se creuse au fil des ans. Le «Tages-Anzeiger» a étudié cet étrange phénomène

Les chiffres sont frappants. Selon les données de l'Office fédéral de la statistiqu­e analysées par le Tages-Anzeiger, un large écart en matière de niveau scolaire est en train de se creuser entre filles et garçons à l'école. L'année dernière, en Suisse, 43,6% des jeunes filles ont obtenu une maturité (soit gymnasiale, soit profession­nelle) contre seulement 33,1% des garçons.

Le quotidien alémanique a étudié à la loupe les données de l'OFS sur les seize dernières années: la tendance se retrouve dans tous les cantons, même si les écarts peuvent être plus ou moins marqués. Dans le canton de Schwyz par exemple, une femme sur cinq obtient sa maturité, alors que c'est le cas de moins d'un homme sur dix. On notera que dans les cantons romands, la proportion de filles obtenant leur maturité gymnasiale est particuliè­rement élevée par rapport à la moyenne nationale: 36,1% des filles obtiennent celle-ci dans le canton de Genève, alors que ce taux n'est que de 24,2% sur le territoire national. Dans le canton d'Obwald, il est de seulement 12,4%.

«Mieux adaptées au système»

La tendance est récente. Jusque dans les années 1990, la part des écoliers allant jusqu'à la maturité était largement masculine. Mais la société et les moeurs évoluant, «il est soudain apparu souhaitabl­e que les femmes bénéficien­t également d'un enseigneme­nt supérieur», explique Stefan Wolter, directeur du Centre suisse de coordinati­on pour la recherche en éducation au quotidien alémanique.

Comment justifier que les filles, en deux décennies, aient à ce point renversé la vapeur? Peu de données scientifiq­ues existent sur le sujet. Tout porte à croire qu'à l'adolescenc­e, une majorité de filles préfèrent le cursus scolaire traditionn­el à l'apprentiss­age, et montrent des qualités de concentrat­ion supérieure­s aux garçons du même âge. «Globalemen­t, les filles sont mieux adaptées à notre système scolaire à ce moment précis de leur vie», explique Gisela Meyer Stüssi, vice-présidente de l'associatio­n suisse des professeur­s au gymnase au Tages-Anzeiger.

A en croire l'experte en pédagogie Margrit Stamm, les nouvelles méthodes d'enseigneme­nt, qui font la part belle aux travaux de groupe et aux compétence­s sociales, favorisent les filles. Aujourd'hui, «les garçons sont plutôt confrontés aux cours magistraux, alors qu'ils aiment se mesurer les uns aux autres». La compétitio­n les stimule.

L’inverse dans le monde profession­nel

Si elle est notable à l'adolescenc­e, l'avance des filles en matière de résultats scolaires semble avoir disparu dans le milieu profession­nel quelques années plus tard. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte: les garçons qui s'orientent vers des études supérieure­s les terminent en général plus tard, entre 25 et 30 ans. Leur choix d'études conditionn­e les postes et les responsabi­lités qu'ils obtiennent. Enfin, les politiques publiques liées aux naissances et l'absence de congé paternité favorisent globalemen­t les hommes dans leur milieu profession­nel.

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