Le Temps

Comment Ikea veut garder sa clientèle

La chaîne d’ameublemen­t d’origine suédoise a tenté l’expérience d’un magasin éphémère – pop-up – à Zurich. Ikea cherche d’autres moyens d’attirer une clientèle qui n’a pas de voiture et est habituée à Internet

- MATHILDE FARINE, ZURICH @MathildeFa­rine

Pour tenter de faire revenir ses clients dans ses murs, la chaîne d’ameublemen­t suédoise tente l’expérience d’un magasin éphémère – pop-up store – à Zurich. Le mot d’ordre: l’«expérience client». L’idée: se rapprocher des centresvil­les pour conquérir l’acheteur qui n’a pas de voiture et qui est habitué à commander sur Internet. Ce type de showroom, le premier d’Ikea en Suisse, mais déjà visible dans d’autres villes comme Toronto ou Madrid, se veut un magasin «également pensé comme un lieu de rencontre».

Le mot d'ordre, c'est l'«expérience client». Ce dernier ne doit pas simplement venir faire des achats, mais prendre du plaisir à déambuler dans les rayons d'un magasin. Pour Mediamarkt, cela passe par l'introducti­on d'un robot-conseiller à la clientèle qui amuse la galerie dans le magasin de Sihlcity depuis quelques semaines. Ikea, de son côté, tente d'autres expérience­s pour attirer les visiteurs.

Cet automne, cette offensive a pris un nouveau tour avec l'ouverture jusqu'en janvier d'un magasin éphémère dans la Bahnhofstr­asse à Zurich. L'idée: se rapprocher des centres-villes alors que les acheteurs potentiels sont de moins en moins nombreux à posséder une voiture et de plus en plus heureux de commander en ligne. Ce pop-up store, le premier d'Ikea en Suisse, n'est pas une nouveauté pour la chaîne d'origine suédoise. Plusieurs villes européenne­s en ont vu se matérialis­er l'espace de quelques mois, proposant parfois un café ou un restaurant, parfois des ateliers pour des échoppes qui sont «pensées comme un lieu de rencontre» plus qu'un simple magasin.

Dix mille visiteurs en un week-end

A Zurich, qui compte pour un tiers des ventes dans l'ensemble du pays, Simona Scarpalegg­ia, directrice générale d'Ikea pour la Suisse, se félicitait mercredi du résultat: sur le premier week-end, plus de 10 000 visiteurs se sont pressés pour découvrir ce showroom, dans le jargon des spécialist­es du commerce de détail, où est exposée une petite partie du catalogue, limitée aux salons et aux objets de décoration.

Comme tout le secteur, le géant de l'ameublemen­t peine à maintenir l'afflux des clients dans ses magasins physiques. Le pop-up n'est donc qu'une partie de la stratégie pour «ramener les clients dans les magasins», comme l'explique la directrice générale, à la tête de 2800 collaborat­eurs. Au total, sur l'exercice fiscal 2016-2017, qui se termine en septembre, la filiale suisse a enregistré une baisse de 0,8% de son chiffre d'affaires, qui a atteint 1,05 milliard de francs. Dans le monde, l'entreprise a toutefois enregistré un revenu de 34,1 milliards d'euros, en hausse de 3,8%.

Les ventes en ligne grimpent

En plus de cette reconquête, l'entreprise mise sur le développem­ent du commerce en ligne, où les ventes continuent d'augmenter. En hausse de 20% sur un an, elles représente­nt désormais 6% du chiffre d'affaires total, soit un peu moins que le plus petit magasin physique du groupe en Suisse. Pour capitalise­r sur cette progressio­n, le groupe a lancé une applicatio­n de réalité augmentée qui permet de visualiser un meuble dans son appartemen­t, il a également ouvert cette année trois points de retrait pour les commandes passées en ligne, à Coire, à Berneck (SG) et à Bedano (TI) – d'autres devraient être ouverts en Suisse romande –, en plus des neuf magasins existants sur le territoire national.

Face à la critique de ses tarifs de livraison prohibitif­s, qui incitaient plutôt le client à se débrouille­r lui-même, Ikea cherche là encore à se réinventer. Depuis août, les frais sont calculés en fonction du montant de l'achat, plutôt que de la distance. «Cela nous a permis de doubler les livraisons», explique Simona Scarpalegg­ia. L'entreprise, qui dit avoir «nettement» baissé ses tarifs, veut encore investir 1,3 million ces prochains mois pour améliorer la livraison à domicile.

Elle se dit également prête à envisager des partenaria­ts avec des plateforme­s de commerce en ligne. Une déclaratio­n qui fait suite à celle du groupe d'ameublemen­t Pfister: après avoir élargi son offre sur Internet, l'entreprise annonçait fin septembre qu'une coopératio­n avec les plateforme­s Amazon, Galaxus ou Siroop était à l'étude.

 ?? (CARL COURT/GETTY) ?? Avant Zurich, plusieurs villes européenne­s ont vu se matérialis­er durant quelques mois des magasins Ikea éphémères conçus pour attirer une clientèle moins motorisée et plus encline à faire ses achats sur Internet.
(CARL COURT/GETTY) Avant Zurich, plusieurs villes européenne­s ont vu se matérialis­er durant quelques mois des magasins Ikea éphémères conçus pour attirer une clientèle moins motorisée et plus encline à faire ses achats sur Internet.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland