Il y a une logique qui m’échappe
Lundi soir, le sushiman du restaurant japonais, entre deux roulages de maki, refaisait le monde avec la serveuse, en… mandarin. J’ai levé un sourcil, mais à y regarder de près, il y a pas mal de choses qui clochent autour de moi. Dans la vitrine d’un magasin, sur le chemin de mon boulot, cette annonce, par exemple: «Tout à 50%, sur les produits sélectionnés.» Et dans le bus, j’ai entendu un couple de vegans se disputer sur le principe d’avoir ou non un animal de compagnie. «Les poissons rouges, oui», ont-ils fini par trancher. Non, décidément, ça ne tourne pas rond. J’ai une copine qui, tous les lundis, stresse de ne pas pouvoir tout faire pour arriver à temps à son cours de méditation.
Sur les affiches de ma ville, il y a des femmes dénudées qui posent en sous-vêtements, et puis, les filles qui passent devant, parfois, se font siffler. Je connais des bombes qui refusent de mettre des robes, ou même du rouge à lèvres, elles ne veulent pas attirer le regard. Elles font des soirées filles où là, elles lâchent le décolleté. Et puis, j’ai vu un documentaire en Iran où les filles font exactement le contraire, elles tombent le voile dans la rue, se baladent dans leurs plus belles tenues. Quel message ça leur transmet si, pendant qu’elles se battent, nous, on recule?
La semaine dernière, le gouvernement de mon pays a dit à tous les futurs papas qu’imaginer prendre quatre semaines pour s’occuper de leur bébé n’était pas envisageable. A trois heures d’avion au nord, dans un pays où il y a cinquante ans encore les hommes avaient tous l’air de vieux Vikings devenus pêcheurs ou bûcherons, les jeunes pères ont aujourd’hui quatorze semaines pour apprendre à aimer leur enfant. Chez nous, c’est un problème d’argent, nous explique-t-on, avant qu’un milliard soit promis pour des Jeux surveillés par… de nouveaux avions de combat?
Je vis dans un canton où presque une personne sur trois a besoin d’aide pour payer son assurance maladie. Mais, grâce à une gestion de l’impôt heureux que le monde entier nous envie, il y a aussi par ici de plus en plus de millionnaires. Alors pourquoi ne pas demander à chacun d’entre eux de prendre en charge quelques centaines d’assurés qui n’arrivent plus à suivre? On organiserait des rencontres, des fêtes, ils compareraient leurs problèmes et se demanderaient ensemble pourquoi ça ne tourne pas rond. Les papas en congé paternité s’occuperaient du barbecue, activité qui serait devenue sport olympique.
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