Plafonner les budgets pour maîtriser les coûts de la santé
Le Conseil fédéral propose une mesure controversée qui déplaît à plusieurs acteurs influents de la santé
Le Conseil fédéral veut prendre de nouvelles mesures pour juguler la hausse des coûts de la santé. Il retient surtout l’idée de plafonner le volume des soins, comme les cantons de Vaud, de Genève et du Tessin l’ont déjà fait dans le secteur uniquement hospitalier. Il fallait s’y attendre. Dans un communiqué commun, les médecins (FMH), les hôpitaux (H+), l’industrie pharmaceutique, les caisses maladie (Santésuisse) et les patients ont critiqué cette idée.
Dans sa conférence de presse, le ministre de l’Intérieur, Alain Berset, est pourtant resté très prudent. A plusieurs reprises, il en a appelé à «tous les acteurs» de la santé pour qu’ils contribuent à la maîtrise des coûts. Il y a en tout cas de quoi faire. Actuellement, l’assurance de base occasionne 31 milliards de coûts. Or, les experts estiment que l’on pourrait économiser 20% de cette somme, soit 6 milliards de francs.
Pas de rationnement
D’ores et déjà, il apparaît qu’un accord sera difficile à trouver. Se retranchant derrière des experts «unanimes», le conseiller fédéral n’a rien dit de la manière dont on fixerait les plafonds. Il s’est contenté d’assurer que cela ne conduirait pas à un rationnement des soins. Pour sa part, le directeur de l’Office fédéral de la santé publique, Pascal Strupler, a précisé qu’il chercherait une manière «intelligente» de les mettre en oeuvre, par exemple en introduisant un tarif dégressif dès qu’un médecin a atteint un certain volume d’actes.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les acteurs de la santé ne semblent pas prêts à s’engager sur cette voie. «Les budgets globaux sont des expériences hasardeuses qui se font aux dépens des patients», estiment plusieurs acteurs de poids, comme l’industrie pharmaceutique, les caisses et les médecins. «Ils engendrent des délais d’attente, un rationnement des prestations et une médecine à deux vitesses», ajoutent-ils.
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