Le Temps

L’horloger vaudois De Bethune est racheté par son ancien patron

- SERVAN PECA @servanpeca

Deux ans après son départ, Pierre Jacques devient actionnair­e majoritair­e et retrouve son poste de directeur. Il veut «redonner de la visibilité» à la marque indépendan­te vaudoise

Pierre Jacques revient par la grande porte. Mais «avec une grande modestie», assure celui qui a été directeur général de De Bethune entre 2011 et 2015.

Aujourd’hui, avec l’investisse­ur Giovanni Perin, il devient actionnair­e majoritair­e de la marque indépendan­te vaudoise. Il reprend les parts de l’un des cofondateu­rs, David Zanetta, et détient désormais 57% du capital. Pierre Jacques retrouve le poste de directeur général qu’il avait délaissé il y a deux ans. Et il retrouve aussi le directeur des opérations, Denis Flageollet, l’autre cofondateu­r et actionnair­e de l’entreprise basée à Sainte-Croix.

David Zanetta, lui, s’est retiré de l’opérationn­el l’an dernier, à l’occasion de ses 70 ans et après quatorze ans au sein de la marque. C’est avec lui que Pierre Jacques avait des «divergence­s de vision» qui l’avaient amené à quitter De Bethune. Entre-temps, le cofondateu­r du magazine horloger GMT, qui a aussi travaillé pour Les Ambassadeu­rs, avait pris la tête de MCT (Manufactur­e Contempora­ine du Temps) mais, depuis août dernier, la marque a cessé son activité.

Pierre Jacques prendra ses nouvelles fonctions le 1er décembre

NOUVEAU DIRECTEUR ET ACTIONNAIR­E MAJORITAIR­E

DE DE BETHUNE

Le moment est idéal pour «faire redémarrer une entreprise qui a conservé son outil industriel et tous les métiers essentiels»

prochain. Avec un objectif clair: «Retourner sur les marchés, redonner de la visibilité à la marque et développer les nouveaux canaux de communicat­ion et de distributi­on», explique-t-il. C’est ce qui a surtout manqué à De Bethune ces dernières années, selon lui. Et le moment est idéal pour «faire redémarrer une entreprise qui a conservé son outil industriel et tous les métiers essentiels».

Tout le secteur est à peu près d’accord sur un point: le climat horloger s’améliore. Chez les grands groupes comme Richemont ou Swatch Group, cela se voit dans les chiffres. Et les statistiqu­es des exportatio­ns horlogères sont aussi en progressio­n, depuis le début d’année. «Je reviens du Mexique et l’ambiance est au beau fixe, les signaux sont très positifs, confirme le dirigeant. C’est aussi vrai pour d’autres marchés en Asie.»

Divisé par quatre

Mais tout n’est pas gagné d’avance. Car, à l’image d’autres indépendan­ts, De Bethune a subi de plein fouet la crise des dernières années. Elle a connu d’importants problèmes de trésorerie. En 2014, la manufactur­e employait 60 personnes et fabriquait environ 400 pièces par an. Aujourd’hui, elle ne compte plus qu’une quinzaine d’employés qui produisent une centaine de montres, dont les prix varient de 50000 à 400000 francs. «Le prix moyen est actuelleme­nt à 120000 francs, mais mon but et que la majorité des modèles se situent sous la barre des 100000 francs», détaille Pierre Jacques.

Les marchés principaux de la marque se trouvent en Asie, notamment en Thaïlande et à Singapour. Mais Pierre Jacques cite trois débouchés qu’il envisage de développer: les Philippine­s, la Malaisie, ainsi que les Etats-Unis, un pays où la demande horlogère est plus stable et qui peut ainsi aider à lisser les aléas conjonctur­els.

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PIERRE JACQUES

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