Les plateformes suisses d’e-commerce contre-attaquent face au géant Amazon
La plateforme Siroop de Coop et Swisscom arrive en Suisse romande et permet aux PME de vendre leurs produits. Plus de 250 000 produits de 250 sociétés sont déjà disponibles. En face, le numéro un suisse Galaxus, propriété de Migros, propose ce service depuis un an
Et si un concurrent important d’Amazon apparaissait en Suisse? Le numéro un mondial d’e-commerce voit émerger plusieurs plateformes helvétiques avec l’ambition affichée de lui prendre des parts de marché. Cette semaine, Siroop, coentreprise de Swisscom et Coop, lançait ses services en français. Et de manière plus discrète, Galaxus, propriété de Migros, propose aussi à des dizaines d’entreprises de vendre leurs produits via sa propre plateforme.
Siroop est pour l’heure une marque quasi inconnue en Suisse romande. Lancé en mai 2016 en Suisse alémanique après des premiers tests effectués en novembre 2015 dans la région bernoise, le site est disponible en français depuis cette semaine. Détenue à parts égales entre l’opérateur télécoms et le géant de la grande distribution, Siroop se présente comme une plateforme d’e-commerce neutre: son but est d’attirer un maximum de marques et d’entreprises pour leur offrir une vitrine de vente helvétique. «Ce lancement en français est l’une de nos avancées les plus excitantes de l’année, affirme un porte-parole. Notre but est de numériser le vendeur le plus petit et le plus régional et qui n’a pas de présence en ligne.»
Capsules de café et téléphones
Aujourd’hui, la plateforme, qui emploie un peu plus de 150 personnes, compte environ 250000 produits dans son assortiment, issu de 250 marques. On y trouve par exemple Adidas, Nespresso et des capsules concurrentes de Jacobs, des sex-toys vendus par la société Bswish, des téléphones d’Apple, des chocolats du confiseur genevois Favarger ou encore des thés verts parfumés de la société Aventure Thé de Pully (VD). Coop y vend une partie de son assortiment, notamment électroménager via sa filiale Fust. On y trouve aussi une dizaine de téléphones fixes de Swisscom. Le site fait aussi office, notamment pour les appareils électroniques, de comparateur entre les prix proposés par plusieurs vendeurs présents sur Siroop.ch. «Nous avons des demandes de plus de 3500 vendeurs qui veulent être présents sur notre site», poursuit le porte-parole de Siroop. Récemment, la société a testé à Zurich, avec des partenaires, des livraisons en partie effectuées par des drones.
L’intérêt, pour les commerçants, notamment les plus petits, est d’avoir accès à une plateforme de vente unique. Et pour les particuliers, quel est l’intérêt d’y faire ses achats plutôt que directement chez Apple ou Nespresso, par exemple? «Les clients ont accès à des centaines de magasins suisses via un seul login, une personne de contact et une qualité unique de service. Siroop. ch est une «maison numérique» pour les vendeurs et les consommateurs suisses», affirme le porte-parole. «Nous voulons prouver que nous pouvons tenir tête à Amazon», expliquait le 18 juin, dans la NZZ, Hansueli Loosli, président de Coop, mais aussi de Swisscom. «Notre avantage est que nous sommes proches et que tout le monde nous connaît. A terme, nous proposerons plus d’un million d’articles.»
Amazon numéro deux en Suisse
Pour l’heure, Siroop.ch est loin de la multinationale américaine Amazon. En 2016, selon les estimations de la société de recherche iBusiness, son chiffre d’affaires s’est élevé à 25 millions de francs – pour huit mois d’activité. L’estimation, pour Amazon, est de 605,6 millions de francs, devant les 130 millions d’AliExpress (propriété du chinois Alibaba) et derrière le numéro un du marché suisse, Digitec Galaxus et ses 704 millions de francs. Ce dernier s’est déjà mis à concurrencer Amazon en octobre 2016, en permettant à des tiers de vendre leurs produits sur sa plateforme. Ainsi, Discountlens, Ikraus, Power Food, Amorana ou encore Qualipet sont présents sur Galaxus.ch. «Nous proposons déjà plusieurs centaines de milliers d’articles via ce programme ouvert aux autres sociétés, explique un porte-parole de Digitec Galaxus. Notre but est d’atteindre plus d’un million d’articles d’ici à la fin de cette année.»
Digitec Galaxus fait payer une commission pour chaque vente effectuée par une entreprise tierce sur sa plateforme: 15% pour une montre, 12% pour un instrument de musique, 20% pour des bijoux ou 7% pour un ordinateur. Siroop, de son côté, prélève une commission de 6% pour les appareils de la catégorie «électronique» et de 9,9% pour toutes les autres catégories.