Menace sur les rendements des immeubles
Wüest Partner prévient: il n’y a jamais eu autant de logements vacants dans le pays. Les propriétaires d’immeubles d’habitation vont affronter des conditions de marché plus compliquées
«Une mer calme n’a jamais fait un bon marin.» C’est sur ce proverbe, d’origine anglaise, que s’ouvre la dernière étude de Wüest Partner.
Dans son Moniteur immobilier d’automne, publié jeudi, le cabinet de conseil lance un avertissement qui s’adresse aux détenteurs d’immeubles: les années à venir pourraient devenir plus tempétueuses que la décennie prospère qui s’est écoulée.
Principale menace: la surabondance de l’offre. Presque 65000 objets sont vacants dans le pays. C’est un record absolu, rappelle l’étude. «Et la hausse devrait se poursuivre l’année prochaine.» Au-delà du taux de vacance moyen (1,47%), ce sont les disparités régionales qui sont marquantes. «Les nouveaux projets de construction sont en partie prévus dans les zones éloignées de la forte demande. En même temps, le nombre de nouveaux ménages à la recherche d’un logement diminue.» Wüest Partner cite quatre régions particulièrement concernées par ce déséquilibre: Soleure, Aigle, La Chaux-deFonds et La Sarine.
«La demande ne peut pas tenir le rythme»
Davantage de choix pour les locataires, avec pour conséquence des baisses de loyer (de 2,5% en une année, dans la région lémanique), ou tout du moins une plus grande difficulté pour les propriétaires à louer leurs appartements. La durée d’insertion des annonces immobilières est ainsi passée de 25-30 jours à 35-40 jours, relève Wüest Partner.
Les raisons de cette situation «d’ajustements» sont connues. Alors que les taux obligataires restent au plancher, les investisseurs privés ou institutionnels continuent de miser sur l’immobilier pour faire fructifier leurs placements. Et c’est compréhensible. Selon les données récoltées par Wüest Partner, les immeubles d’habitation ont généré en moyenne 6,4% de rendement par an, entre 2007 et 2016. Et sur la seule année 2016, ils ont rapporté 8,4%.
Mais cela pourrait ne pas durer: d’une part, les prix d’achat des immeubles ont continué d’augmenter cette année – de 3,8% entre fin juin 2016 et fin juin 2017. D’autre part, les revenus locatifs devraient baisser. «La demande finale sur les marchés des utilisateurs ne peut pas tenir le rythme, vu la quantité de surfaces arrivées sur le marché.» Les investisseurs sont prévenus.