Le Temps

La Suisse à la pointe de la robotique

Les robots «Swiss made» ont la cote. Aucun pays au monde ne compte une telle concentrat­ion de savoir-faire en matière de robotique. Les projets de recherche et les start-up spécialisé­es dans ce type de technologi­e se multiplien­t

- ADRIÀ BUDRY CARBÓ ET SERVAN PECA @ AdriaBudry et @servanpeca

Les robots «Swiss made» ont la cote. Alors que s'ouvre une nouvelle ère de la robotique, celle des machines évolutives, qui mêlent mécanique, capteurs en tout genre et intelligen­ce artificiel­le, la Suisse est déjà parvenue à se tailler une réputation hors norme. Aucune autre région dans le monde ne concentre autant de savoirfair­e dans le domaine, affirment d'une seule voix investisse­urs, entreprene­urs et scientifiq­ues.

Et des spécialité­s émergent. Les projets de recherche et les start-up qui fleurissen­t par dizaines dans le pays se profilent notamment sur le marché des exosquelet­tes. C'est par exemple le cas de MyoSwiss ou Twiice, deux start-up qui, chacune à leur manière, cherchent à alléger les exosquelet­tes et à pouvoir en personnali­ser la structure.

Le pôle national de recherche sur la robotique (PRN Robotique) soutient des projets dans deux autres domaines en particulie­r: la formation, ainsi que les missions de secours et/ou environnem­entales. Dans ce domaine, l'un des porte-drapeaux du savoir-faire suisse s'appelle Flyability. Elle est l'une des start-up les plus mûres, puisqu'elle commercial­ise déjà ses drones d'inspection.

«Une Silicon Valley de la robotique»

Mais au sein des laboratoir­es de l'EPFL, de l'EPFZ ou de l'Institut Dalle Molle di Studi sull'Intelligen­za Artificial­e (IDSIA) de Lugano, les projets se multiplien­t. «La Suisse est à la pointe en matière de robotique», insiste Dario Floreano, le directeur de PRN Robotique. Dans ce domaine, «au prorata de sa population, elle publie cinq fois plus d'articles scientifiq­ues que les Etats-Unis, et elle concentre plus de start-up que n'importe quel autre pays au monde», décompte-t-il. Dans le magazine Forbes, Chris Anderson, le patron du plus gros fabricant américain de drones, 3D Robotics, va même jusqu'à qualifier la Suisse de «Silicon Valley de la robotique».

Aux côtés de la Californie, ou de la région de Boston, la Suisse se profile donc comme un incontourn­able épicentre des robots de nouvelle génération. Un statut acquis en quelques années qu'elle ne risque pas de perdre de sitôt, à en croire Jan Kerschgens, la personne chargée du transfert de technologi­e au sein du PRN Robotique. «Ce sont des technologi­es très à la pointe dont la production ne peut pas être aisément exportée, rassure-t-il. C'est là que se trouve la compétitiv­ité de la Suisse.» Il le prouve en soulignant qu'aucune des spin-off qui ont bénéficié du programme de financemen­t du PNR n'a délocalisé son siège social. Y compris celles qui ont commencé à décoller.

Au total, les dix spin-off soutenues par PNR Robotique ont levé plus de 16 millions de francs et ont créé 90 emplois en quatre ans. Mais, au-delà de ce soutien institutio­nnel, les cerveaux suisses rencontren­t à peu près tous les mêmes problèmes d'argent. Le secteur privé est encore hésitant, comme à chaque fois que de nouvelles technologi­es émergent. «La robotique est un secteur très technique. Pour un investisse­ur non spécialisé, cela peut être très compliqué d'évaluer le potentiel d'une innovation, dans un horizon de trois à cinq ans», explique Jan Kerschgens.

L'enjeu financier est évidemment crucial. C'est donc avec l'idée de faire connaître ces développem­ents que, pour la troisième année consécutiv­e, PRN organise, en collaborat­ion avec Digitalswi­tzerland, le Swiss Robotics Industry Day, le 2 novembre au SwissTech Convention Center de l'EPFL.

Santiago Tenorio sera présent jeudi. Il ne peut pas manquer ça. Lui, c'est l'un des responsabl­es de Rewired. Ce fonds est en train d'installer des bureaux à Lausanne et y cherche également un «studio» pour abriter des projets qu'il soutiendra­it.

Augmenter l’humain

En août dernier, Rewired annonçait avoir levé 100 millions de dollars afin d'investir dans des technologi­es liées à la robotique. Cinq sociétés ont déjà trouvé grâce à ses yeux. Rewired s'intéresse particuliè­rement aux développem­ents permettant aux machines de devenir plus habiles dans «un vrai environnem­ent, et non pas seulement dans une usine ou dans un centre logistique où tout est rangé et étiqueté de façon très organisée», détaille Santiago Tenorio.

En bref, tient-il à préciser, «les robots doivent pouvoir augmenter l'humain, améliorer les capacités des travailleu­rs, collaborer avec les hommes. Il faut qu'ils apportent un bienfait social. Nous ne voulons pas investir dans des machines à des fins militaires.»

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(FLYABILITY) Un drone de Flyability, une start-up qui incarne le savoir-faire helvétique en matière de robotique.

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