La Suisse à la pointe de la robotique
Les robots «Swiss made» ont la cote. Aucun pays au monde ne compte une telle concentration de savoir-faire en matière de robotique. Les projets de recherche et les start-up spécialisées dans ce type de technologie se multiplient
Les robots «Swiss made» ont la cote. Alors que s'ouvre une nouvelle ère de la robotique, celle des machines évolutives, qui mêlent mécanique, capteurs en tout genre et intelligence artificielle, la Suisse est déjà parvenue à se tailler une réputation hors norme. Aucune autre région dans le monde ne concentre autant de savoirfaire dans le domaine, affirment d'une seule voix investisseurs, entrepreneurs et scientifiques.
Et des spécialités émergent. Les projets de recherche et les start-up qui fleurissent par dizaines dans le pays se profilent notamment sur le marché des exosquelettes. C'est par exemple le cas de MyoSwiss ou Twiice, deux start-up qui, chacune à leur manière, cherchent à alléger les exosquelettes et à pouvoir en personnaliser la structure.
Le pôle national de recherche sur la robotique (PRN Robotique) soutient des projets dans deux autres domaines en particulier: la formation, ainsi que les missions de secours et/ou environnementales. Dans ce domaine, l'un des porte-drapeaux du savoir-faire suisse s'appelle Flyability. Elle est l'une des start-up les plus mûres, puisqu'elle commercialise déjà ses drones d'inspection.
«Une Silicon Valley de la robotique»
Mais au sein des laboratoires de l'EPFL, de l'EPFZ ou de l'Institut Dalle Molle di Studi sull'Intelligenza Artificiale (IDSIA) de Lugano, les projets se multiplient. «La Suisse est à la pointe en matière de robotique», insiste Dario Floreano, le directeur de PRN Robotique. Dans ce domaine, «au prorata de sa population, elle publie cinq fois plus d'articles scientifiques que les Etats-Unis, et elle concentre plus de start-up que n'importe quel autre pays au monde», décompte-t-il. Dans le magazine Forbes, Chris Anderson, le patron du plus gros fabricant américain de drones, 3D Robotics, va même jusqu'à qualifier la Suisse de «Silicon Valley de la robotique».
Aux côtés de la Californie, ou de la région de Boston, la Suisse se profile donc comme un incontournable épicentre des robots de nouvelle génération. Un statut acquis en quelques années qu'elle ne risque pas de perdre de sitôt, à en croire Jan Kerschgens, la personne chargée du transfert de technologie au sein du PRN Robotique. «Ce sont des technologies très à la pointe dont la production ne peut pas être aisément exportée, rassure-t-il. C'est là que se trouve la compétitivité de la Suisse.» Il le prouve en soulignant qu'aucune des spin-off qui ont bénéficié du programme de financement du PNR n'a délocalisé son siège social. Y compris celles qui ont commencé à décoller.
Au total, les dix spin-off soutenues par PNR Robotique ont levé plus de 16 millions de francs et ont créé 90 emplois en quatre ans. Mais, au-delà de ce soutien institutionnel, les cerveaux suisses rencontrent à peu près tous les mêmes problèmes d'argent. Le secteur privé est encore hésitant, comme à chaque fois que de nouvelles technologies émergent. «La robotique est un secteur très technique. Pour un investisseur non spécialisé, cela peut être très compliqué d'évaluer le potentiel d'une innovation, dans un horizon de trois à cinq ans», explique Jan Kerschgens.
L'enjeu financier est évidemment crucial. C'est donc avec l'idée de faire connaître ces développements que, pour la troisième année consécutive, PRN organise, en collaboration avec Digitalswitzerland, le Swiss Robotics Industry Day, le 2 novembre au SwissTech Convention Center de l'EPFL.
Santiago Tenorio sera présent jeudi. Il ne peut pas manquer ça. Lui, c'est l'un des responsables de Rewired. Ce fonds est en train d'installer des bureaux à Lausanne et y cherche également un «studio» pour abriter des projets qu'il soutiendrait.
Augmenter l’humain
En août dernier, Rewired annonçait avoir levé 100 millions de dollars afin d'investir dans des technologies liées à la robotique. Cinq sociétés ont déjà trouvé grâce à ses yeux. Rewired s'intéresse particulièrement aux développements permettant aux machines de devenir plus habiles dans «un vrai environnement, et non pas seulement dans une usine ou dans un centre logistique où tout est rangé et étiqueté de façon très organisée», détaille Santiago Tenorio.
En bref, tient-il à préciser, «les robots doivent pouvoir augmenter l'humain, améliorer les capacités des travailleurs, collaborer avec les hommes. Il faut qu'ils apportent un bienfait social. Nous ne voulons pas investir dans des machines à des fins militaires.»