Trois hommes et deux pays
«Que vas-tu faire de tes deux dernières semaines à Paris?» De cette question lancée par Hossein et Ashkan à leur ami Arash est né un film lumineux. Avant la fin de l’été, c’est l’histoire de trois Iraniens installés à Paris, trois étudiants dont l’un a le mal du pays et désire rentrer, même s’il avoue que le rayon alcool de Carrefour lui manquera. Hossein, Ashkan et Arash jouent leurs propres rôles, comme Charlotte et Michèle, deux filles qu’ils rencontreront sur la route, après que les deux premiers ont convaincu le troisième de les accompagner pour un ultime voyage à travers la France. Un périple qui, peut-être, le fera changer d’avis.
La tension d’un road-movie et la force d’un documentaire
Premier long-métrage de la Genevoise Maryam Goormaghtigh, Avant la fin de l’été a la tension d’un road-movie et la force d’un documentaire. La réalisatrice parle d’un film hybride, et cette appellation lui va bien. Peu importe de savoir ce qui est vrai et ce qui est joué, l’essentiel est la constante justesse de ton d’une oeuvre fragile et mélancolique qui laisse beaucoup d’espace à ses protagonistes, euxmêmes hybrides et toujours filmés à la bonne distance et avec une constante empathie.
Lorsque le trio s’arrête dans de petits villages isolés, on pourrait être dans un documentaire de Raymond Depardon, voire dans le récent Visages, Villages d’Agnès Varda et JR; et quand Maryam Goormaghtigh montre une fête foraine sur fond de variété psychédélique orientale ou une disco estivale, c’est au contraire le potentiel esthétique du cinéma qu’elle explore. On a dit son film fragile, il est surtout précieux.
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