Donations en série à l’Elysée
Le musée lausannois accueille les archives de Jan Groover, Olivier Föllmi et quelques oeuvres de la collection Fabienne Lévy
«L'excitation visuelle du regard qui vole et ne sait où se poser.» C'est par cette jolie formule que Bruce Boice décrit la démarche de son épouse, la photographe Jan Groover, décédée en 2012. Le Musée de l'Elysée a annoncé ce mardi la donation des archives de l'Américaine ayant vécu en France, soit près de 12000 pièces dont 8000 tirages. Peu connue du grand public européen, Jan Groover a été l'une des pionnières de la photographie couleur, consacrée par le MoMA en 1987. Surtout, elle a inlassablement travaillé la nature morte, en studio, dehors, dans sa cuisine, alignant des fioles de toutes formes, ajoutant ici un fruit, là un petit animal sculpté.
«Elle fonctionnait à la manière d'un peintre, focalisée sur la composition», note Tatyana Franck, directrice du musée. Parmi les richesses déposées à Lausanne, de magnifiques tirages platine-palladium. Une exposition rétrospective est prévue en 2019 au Musée de l'Elysée.
Autre donation, celle du photographe voyageur Olivier Föllmi. En quarante ans de reportages à travers le globe, en Asie notamment, le Franco-Suisse a amassé quelque 200 000 diapositives. Ces archives seront données au musée après le déménagement à Plateforme 10.
Trois générations de témoins
En attendant et pour sceller l'alliance, quinze très beaux tirages Cibachrome ont été remis à l'Elysée; ils figurent parmi les derniers à être sortis de l'Atelier Roland Dufau, à Paris (Le Temps du 12.04.2016). «Mes mentors sont Nicolas Bouvier et Ella Maillart, dont j'ai suivi les traces et les conseils. Je suis donc très touché que mon travail soit accueilli dans ce musée qui héberge déjà leurs archives. Ce sont trois générations qui témoignent d'un monde révolu, celui de la photographie argentique», s'est ému le baroudeur.
Outre une donation de livres de photographies chinois, l'Elysée a reçu dix-sept oeuvres de la collectionneuse suisse Fabienne Lévy. L'accent, ici, est mis sur la création contemporaine, entre un portrait signé Loretta Lux, une vue façon maquette de Miklos Gaal ou le fameux pistolet au canon noué de Carl Fredrik Reuterswärd revisité par Spencer Tunick.
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