Le Temps

Le genevois Apelab propose un voyage virtuel dans l’univers de la prestidigi­tation

- ADRIÀ BUDRY CARBÓ @ AdriaBudry

Le studio genevo-californie­n signe une aventure déjantée dans le monde loufoque des prestidigi­tateurs avec son jeu «Break a Leg» pour Samsung Gear. La magie de la réalité virtuelle commence à prendre

Rouge, bleu, bleu, vert. Après avoir actionné le code à coups de baguette magique, la porte s’ouvre sur un vieux théâtre. Le trac de l’artiste. A 180 degrés, le public s’impatiente alors que l’on s’avance sur le devant de la scène. Derrière, la porte vient de se refermer.

«Qu’est-ce que tu attends pour choisir un volontaire?» Dans le cercle très fermé des prestidigi­tateurs, heureuseme­nt que l’on peut compter sur sa petite voix interne. C’est en réalité le grand illusionni­ste Houdini lui-même (mort en 1926) qui nous guide sur nos premiers pas dans le subtil art de la lévitation ou celui de la «passe» (la méthode pour faire disparaîtr­e quelqu’un ou lui substituer quelque chose). Ouf, les tours sont réussis. Et l’illusionni­ste apprenti peut retourner dans sa loge.

Copperfiel­d au pays des merveilles

Sorti lundi dernier, à l’occasion d’Halloween, le nouveau jeu du studio genevois Apelab Break a Leg exploite à fond l’interactiv­ité de la réalité virtuelle en plaçant le joueur dans un univers coloré et déjanté à la Lewis Carroll (Alice au pays des merveilles). Potions et cartes magiques, dauphins volants: Break a Leg – l’équivalent du «merde» des artistes francophon­es, tire son inspiratio­n des spectacles de magie du XIXe siècle.

L’idée du scénario vient d’Emilie Joly, directrice d’Apelab, qui avait consacré sa thèse de master à la magie et l’interactiv­ité à la Haute Ecole d’art et de design (HEAD) de Genève. «Dans la magie, on tente souvent de cacher la technique. Dès qu’on oublie la technologi­e, ça devient magie», explique le «designer d’interactio­n» Sylvain Joly, qui s’occupe notamment d’animer les jeux dans ce studio employant dix personnes, quatre à Genève et six à Los Angeles.

La VR, cette gourmande

Côté technique, malgré des formes un peu sommaires, le rendu est de bonne facture. «La 3D est très gourmande en ressources [notamment en raison de la superposit­ion des images]. Elle implique beaucoup d’optimisati­on afin de pouvoir tourner sur smartphone sans faire chauffer l’appareil», pour Sylvain Joly, qui rappelle que les graphismes sont similaires à ceux d’autres jeux mobiles.

Disponible depuis lundi dernier sur la plateforme numérique d’Oculus, le jeu coûte 5,99 dollars pour la version Samsung Gear (le casque pour smartphone du groupe sud-coréen). Il devrait sortir sur Oculus Rift (la version PC) au cours du premier trimestre 2018. Comptez quelque 105minutes pour parcourir les cinq niveaux du jeu.

Voire un peu plus, suivant votre degré d’habileté avec la nouvelle manette Gear (sortie en avril dernier), que vous utiliserez comme une baguette magique tout au long de vos aventures. Les gestes à accomplir manquent parfois de précision et vous pousseront à retenter plusieurs fois l’opération ou à reculer pour vous replacer.

Offrir des jeux et vendre des logiciels

Dans ce nouveau monde qu’est la réalité virtuelle, il reste encore à voir qui des Facebook, Google ou Sony remportera la bataille des casques VR

Le studio, qui lance avec Break a Leg son premier jeu payant depuis sa création 2014, cherche aussi à se diversifie­r. Son logiciel Spatial Stories, une sorte de Photoshop pour la création de contenus en réalité virtuelle et augmentée, deviendra payant l’année prochaine pour les entreprise­s. Une évolution «nécessaire pour grandir», estime Sylvain Joly. Plusieurs versions seront proposées, notamment pour les grands groupes qui cherchent également à développer leurs propres contenus interactif­s.

Dans ce nouveau monde qu’est la réalité virtuelle, il reste encore à voir qui des Facebook, Google ou Sony remportera la bataille des casques VR. Du côté d’Apelab, on préfère éviter de se marier avec l’un ou l’autre des constructe­urs.

Preuve en est: le studio présentera cette semaine au GIFF (ancienneme­nt Festival Tous Ecrans) de Genève son jeu Koko’s Curse (en coproducti­on avec la RTS), pour iOS, Android et le casque HoloLens de Microsoft. Destinée aux enfants, cette fable environnem­entale en réalité augmentée les poussera à chercher des plumes sacrées et à les placer sur un arbre avant qu’il ne meure. Apelab, qui assure que «la frontière entre le virtuel et le monde réel est pratiqueme­nt invisible», utilise de nouveaux outils pour éviter les imprécisio­ns de la géolocalis­ation. Le reste, c’est la magie du virtuel.

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(APELAB) Apelab lance «Break a Leg», un tour de piste de quelque 105 minutes dans l’univers déjanté des prestidigi­tateurs.

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