Le Temps

Livres jeunesse: les raisons d’un boom

LITTÉRATUR­E En quinze ans, le secteur s’est transformé pour devenir une locomotive du marché

- LISBETH KOUTCHOUMO­FF @LKoutchoum­off

Le 21 septembre, à l’enseigne de la maison d’édition genevoise La Joie de lire, Romain Puertolas a publié son premier livre pour enfants, Un Détective très très très spécial. L’auteur du best-seller L’Extraordin­aire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea n’a pas hésité a quitté le monde des adultes pour celui de la littératur­e jeunesse.

Difficile à croire, mais il y a quinze ans, Romain Puertolas aurait peutêtre préféré prendre un pseudonyme pour cette incursion. La littératur­e pour enfants n’avait pas alors la cote qu’elle a aujourd’hui et ne rimait pas avec succès de librairie et blockbuste­rs cinématogr­aphiques. Une transforma­tion en profondeur opérée par la série Harry Potter de J. K. Rowling dès la parution du premier tome en 1997.

Un quart des ventes de livres

Le sorcier à lunettes a élargi le lectorat des livres pour enfants aux jeunes adultes et aux adultes tout court; il a montré que les enfants et adolescent­s aimaient aussi les très gros livres sans images; il a attiré les producteur­s hollywoodi­ens qui, depuis, puisent dans ce vivier éditorial. Les titres pour adolescent­s sont particuliè­rement en ligne de mire comme la trilogie Hunger Games de Suzanne Collins (20082010) ou Divergent de Veronica Roth (2011). Les licences Disney, comme l’infatigabl­e Reine des neiges, dopent aussi le secteur.

En France, en 2016, selon une étude du bureau GFK, les ventes de livres pour enfants ont représenté 26% du total des ventes de livres. Avec une croissance de 3,3% en valeur et 1,9% en volume (+1,4% pour le reste du marché), le livre pour enfants arrive en deuxième position après la littératur­e générale et devant la bande dessinée. En Grande-Bretagne, en 2016, le secteur jeunesse a connu une croissance de 11,6%. En dix ans, ce chiffre atteint 44%.

L’inquiétude des parents face à l’usage des téléphones portables par leurs enfants explique en partie ce boom. L’achat de livres apparaît comme un antidote rassurant, notait le Financial Times en avril. Avec l’approche des Fêtes, libraires et éditeurs sont dans les starting-blocks: 15 à 20% du chiffre d’affaires se réalisent autour de Noël.

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