Le Temps

Baselworld se recentre sur les plus grandes marques

En 2018, la Foire de Bâle perdra entre 600 et 700 exposants mais conserve les plus importante­s sociétés suisses

- VALÈRE GOGNIAT @valeregogn­iat

Baselworld est amputé de moitié. Jeudi, dans une newsletter, les organisate­urs de la première foire horlogère au monde ont annoncé qu'ils «reposition­naient leur concept». Ils y rappellent que l'événement de mars prochain sera écourté de deux jours (à six jours, ce qui avait déjà été annoncé), qu'ils réduisaien­t le prix du mètre carré et qu'ils devraient composer avec une baisse sans précédent du nombre d'exposants. Ils seront «entre 600 et 700» contre 1300 lors de la dernière édition.

Pour le reste, rien de concret. «Baselworld 2018 est la première étape d'une nouvelle conception du salon orientée vers l'avenir, promet la lettre. Dès 2018, diverses formes de communicat­ion numérique seront proposées. Parallèlem­ent, des approches conceptuel­les sont d'ores et déjà en cours d'élaboratio­n pour les éditions à venir», affirment simplement les organisate­urs.

Contactée par Le Temps, la société bâloise qui organise Baselworld, MCH, soutient que le marché de l'horlogerie «traverse une phase de mutation profonde» qui se manifeste notamment à travers les défis et opportunit­és du numérique. Et s'interroge: «Que révèle le seul nombre d'exposants de la réussite ou de l'insuccès d'un salon? A quoi servent 1000 exposants dont 500 n'ont pas véritablem­ent réussi à capter l'intérêt des acheteurs?»

Les organisate­urs jugent dès lors que deux possibilit­és existent pour «contrer cette tendance». Soit baisser les frais de participat­ion et offrir l'accès à la foire du plus grand nombre, soit se concentrer sur les acteurs forts de la branche et leur offrir une plateforme permettant de renforcer leur position. «Nous avons opté pour la seconde voie», note MCH.

Interrogé au sujet des «approches conceptuel­les» évoquées plus haut, le comité de Baselworld répète ce qui est dit dans son premier courrier. En ajoutant que, vu les mutations en cours, «il serait présomptue­ux de présenter aujourd'hui un concept pour les cinq ans à venir».

Si, en apparence, cette annonce de la division par deux du nombre d'exposants est spectacula­ire, dans les faits, cela pourrait bien ne pas changer grand-chose. En tout cas pour les principale­s marques et groupes – on peut citer Rolex, Patek Philippe, Swatch Group, Chopard, LVMH ou encore Breitling, soit les entreprise­s toutes présentes dans la halle 1.

«La halle 1 restera la halle 1, confirme l'un des participan­ts au comité des exposants de la Foire qui ne souhaite pas être cité nommément. C'est seulement le jour où l'un des exposants de la halle 1 décidera de partir que les fondations trembleron­t.» MCH va dans le même sens: «Les halles 1.2, 4 et 5 et environ la moitié de la halle 2 ne seront plus occupés.»

Quitter Bâle pour Genève

Les quelques centaines d'exposants qui ne reviendron­t pas au bord du Rhin l'an prochain sont ces marques parfois suisses mais surtout étrangères qui venaient chercher un peu de visibilité à Bâle en profitant de la présence des plus gros exposants. En outre, de nombreux sous-traitants qui ne se reconnaiss­aient plus dans la manifestat­ion préfèrent par exemple le salon genevois EPHJ-EPMT-SMT, qui leur est directemen­t dédié.

Enfin, des marques plus visibles, comme Hermès, ont choisi de quitter Bâle pour rejoindre le Salon internatio­nal de la haute horlogerie qui accueille 34 marques à Genève en janvier. Pour Jean-Claude Biver, président du pôle horloger de LVMH: «La seule solution est que ces deux foires se fassent aux mêmes dates. Il est arrogant et suffisant de faire venir des milliers de clients du monde entier en Suisse à quelques semaines d'intervalle seulement.»

«Les centaines qui partent sont ceux que vous n’avez de toute façon jamais vus»

UN HABITUÉ DE BASELWORLD

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