Le Temps

La droite en ordre dispersé pour s’emparer du siège de Marie Garnier

Pour une seule place vacante au Conseil d’Etat, l’alliance semble difficile entre le PLR et l’UDC, qui tous deux présentero­nt un candidat. Si le premier affiche un optimisme tranquille, la seconde ne cache pas sa déception face à l’absence d’union

- AÏNA SKJELLAUG @AinaSkjell­aug

L’UDC s’est sentie flouée lors des élections de 2016 au gouverneme­nt fribourgeo­is

L’argument femme pour remplacer la ministre démissionn­aire ne semble pas avoir d’impact sur les candidatur­es

Les premiers jours de la campagne inattendue, consécutiv­e à la démission de Marie Garnier en milieu de semaine dernière, s’apparenten­t à une danse des paons. Chaque parti affiche ses intentions de manière ostentatoi­re. La majorité de droite du gouverneme­nt fribourgeo­is, trois élus PDC et un élu PLR face à deux socialiste­s et une Verte démissionn­aire, pourrait se renforcer: la gauche se retrouve sur la défensive. Elle prône logiquemen­t le statu quo pour l’élection complément­aire de mars prochain, or le parti écologiste ne pèse que 5% de l’électorat. Pour conserver ce siège, les Verts ont donc besoin d’un appui total de la gauche fribourgeo­ise. Cette dernière se tâte.

Pas de quatrième siège PDC

Après l’épisode Garnier, peutelle prendre le risque de laisser aller se battre au front un candidat vert relativeme­nt peu connu et isolé face à une droite que cette élection complément­aire rend ambitieuse? Histoire de montrer qu’ils n’entendent pas lâcher ce siège à la droite, les socialiste­s laissent planer l’hypothèse de faire revenir de Berne le cador Christian Levrat, président du parti suisse.

Dans le camp majoritair­e, une seule certitude pour l’instant: le PDC n’entend pas revendique­r un quatrième siège, mais cette générosité démocrate-chrétienne ne fait peut-être que compliquer les choses. L’UDC s’est sentie flouée lors des élections de 2016 au gouverneme­nt fribourgeo­is. Son candidat Stéphane Peiry, membre de l’alliance de droite, n’avait guère été soutenu et fut souvent biffé sur les listes. Avec un sentiment de revanche, l’UDC, premier parti du canton aux dernières élections fédérales, attend de la droite fribourgeo­ise un soutien clair pour récupérer une place au gouverneme­nt qu’elle n’a plus depuis 1996.

Un agriculteu­r UDC au service de l’agricultur­e

C’est ce que pense Jean-François Rime, l’un des deux conseiller­s nationaux que compte l’UDC fribourgeo­ise à Berne. L’homme se dit «trop vieux» pour se présenter au Conseil d’Etat, mais il estime que la droite doit beaucoup à son parti. «Sans l’appui de l’UDC lors de l’élection complément­aire de 2013 pour remplacer Isabelle Chassot, c’est le socialiste Jean-François Steiert qui aurait été élu», rappelle-t-il.

«Pareil en 2016, les quatre élus de droite au premier tour l’ont été grâce aux électeurs UDC.» Selon lui, son collègue Pierre-André Page a «toutes les compétence­s pour le poste». L’argument femme pour remplacer la ministre démissionn­aire et éviter que la socialiste Anne-Claude Demierre ne se retrouve seule ne semble pas avoir d’impact sur les candidatur­es.

«Cela fait deux ans seulement que je siège au Conseil national, mais c’est vrai que le Conseil d’Etat a toujours été mon but», admet Pierre-André Page, en précisant que, selon lui, le candidat choisi lors des dernières élections, Stéphane Peiry, aura sûrement la priorité. L’agriculteu­r de 57 ans se dit naturellem­ent intéressé par la direction de l’agricultur­e. Quant à l’argument régional, le Glânois souligne que «la population fribourgeo­ise a toujours été sensible à la juste représenta­tivité des districts au gouverneme­nt et Marie Garnier vient du nord du canton. Mais la provenance des candidats sera cette fois moins déterminan­te, vu qu’il s’agit d’une élection complément­aire».

Une division profitable à la gauche?

Au parlement cantonal, l’UDC est la troisième force ex aequo avec le PLR, et selon Pierre-André Page, un ministre de son parti amènerait un équilibre plus juste entre le législatif et l’exécutif. «Par contre, tel que c’est parti, il n’y aura pas d’alliance de droite possible», regrette-t-il vivement.

Le PLR est plus serein, sachant que son candidat bénéficier­ait probableme­nt d’un soutien assez compact des électeurs démocrates-chrétiens. Le bureau du parti expliquait vendredi dans un communiqué que le PLR devait être présent dans la campagne, au vu du résultat de l’élection du Conseil d’Etat en 2016 et de sa progressio­n au Grand Conseil. Selon des observateu­rs, la campagne en ordre dispersé du PLR et de l’UDC aurait pour effet d’augmenter les chances de la gauche.

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(VALENTIN FLAURAUD) La ministre fribourgeo­ise verte Marie Garnier a annoncé mercredi dernier qu’elle quitterait ses fonctions le 30 avril 2018.

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