Le Temps

«Chez nous, la nature fait tout le boulot»

- P. CH.

PROMOTION «Star Wars: Rogue One», «Captain America», «Prometheus», «Interstell­ar», «Thor», «La Vie rêvée de Walter Mitty», «Transforme­rs», «Game of Thrones». Un seul point commun entre ces succès publics: tous ont été tournés en Islande. Une tendance facile à expliquer pour Einar Hansen Tomasson, le commissair­e chargé de la promotion cinématogr­aphique du pays

«Mon boulot, c’est être proactif, faciliter les contacts, mettre les gens en relation. Ma toute première année, en 2004, je ne connaissai­s personne à Los Angeles et je me présentais dans mes petits souliers, genre: «Bonjour, je suis Islandais.» Aujourd’hui, je passe un coup de fil la veille de mon arrivée et c’est plutôt: «Salut les gars, je suis en ville.» Je situerai le premier déclic en 2006, à l’occasion de la sortie de Mémoires de nos pères, de Clint Eastwood. Un tournage avec des milliers de figurants, un projet énorme pour l’Islande. Beaucoup de producteur­s ont alors réalisé qu’on pouvait faire des films chez nous. Puis notre devise s’est effondrée avec la crise économique de 2008, et les conditions sont devenues incroyable­ment intéressan­tes pour les producteur­s étrangers. On a certes connu un petit coup de mou en avril 2010 avec l’éruption de l’Eyjafjalla­jökull, en raison des risques et des problèmes d’assurance qui allaient avec. Mais tout le monde a vite été rassuré; Prometheus et Game of Thrones ont été tournés ici, et c’était reparti.»

Pays de pêcheurs

«L’Islande est aujourd’hui sur la carte, et ce pour plusieurs raisons, poursuit Einar Hansen Tomasson. Nos sociétés de production font un boulot formidable, avec un personnel très travailleu­r. En Europe, le temps officiel de travail dans le cinéma est de dix heures par jour sur cinq jours. Je crois même qu’il est de huit heures en France. En Islande, c’est douze heures quotidienn­es sur six jours. On est un pays de pêcheurs: quand on voit un poisson, on l’attrape. Cet esprit a traversé les génération­s, et c’est pareil pour le cinéma. S’il faut bosser, peu importe le temps que ça prend. Malgré plusieurs interrupti­ons dues au mauvais temps, le tournage de Mémoires de nos pères s’est terminé avec un jour d’avance. Clint Eastwood n’en revenait pas. Et puis on ne va pas le cacher: le système d’incentive est quelque chose de très important aujourd’hui dans le business.» L’Etat islandais rembourse 25% des frais de production engagés en Islande, si un tournage s’est bien passé.

L’attrait des paysages

Forcément, l’environnem­ent naturel est pour beaucoup dans l’attrait qu’exerce l’Islande sur les conteurs d’histoire américains. «Oui, bien sûr, avec tous ces paysages qu’on ne peut pas trouver ailleurs. La nature fait tout le boulot chez nous. D’ailleurs, si je ne devais nommer qu’un seul film comme ambassadeu­r, ce serait La Vie rêvée de Walter Mitty, de Ben Stiller, la meilleure de toutes les publicités. Le film est censé se dérouler en Islande, au Groenland et en Afghanista­n, mais tout a été tourné ici. Il y a toutes les saveurs dans ce film, et plein de gens se sont rendu compte qu’on pouvait tout faire chez nous.»n

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