L’avenir du protestantisme
Sans vouloir nier un certain effritement numérique du protestantisme généralisé, l’éditorial intitulé «Bienvenue dans l’âge post-protestant» étaye ses conclusions sur des amalgames et a priori qui me font réagir en tant que protestant engagé dans sa paroisse et qui fréquente de temps en temps le culte. Les temples à vendre à Zurich (on en parle aussi à Berne), qui seraient le signe d’un effondrement de la pratique du culte, correspondent en réalité à des bâtiments construits dans des quartiers qui ont connu un afflux de population réformée dans les années 1950 et 1960, une réalité sociologique qui a bien sûr considérablement évolué depuis. […] Quant au phénomène de la désaffection du culte qui est un leitmotiv récurrent dans la presse pour démontrer la disparition prochaine du protestantisme, je me demande si cette affirmation ne tient pas du mythe. Les églises protestantes ont-elles été jamais pleines? Au XIXe siècle, le Conseil synodal bernois créait le Dimanche de l’Eglise (les laïcs président les cultes ce jour-là) pour lutter, à cette époque déjà, contre la prétendue désaffection du culte. […] Depuis 500 ans, la protestante ou le protestant sait pertinemment que son témoignage dans le monde est tout aussi important que sa présence tous les dimanches au culte. […] Le protestantisme traditionnel a encore de beaux jours devant lui, car même si ses idéaux ont en effet percé la société civile, le protestant ne peut se satisfaire du massacre de la Création (environnement), de la concentration des richesses entre un petit nombre de mains, des discriminations de toutes sortes qui perdurent!
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